Mourir de faim ou de noyade : l’été arctique est vraiment impitoyable pour les ours polaires. Et comme l’été arctique est de plus en plus long...

Pour la première fois, une étude ajoute des données solides à ce qui n’étaient jusqu’ici que des anecdotes : oui, les ours meurent vraiment en plus grand nombre quand les glaces se retirent plus tôt. Les plus jeunes et les plus vieux sont particulièrement touchés.

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Le taux de survie « est directement relié aux dates où la glace se brise », affirme Ian Stirling, biologiste au Service canadien de la faune, à Edmonton, Alberta. Pour en arriver à cette conclusion, lui et ses collègues canadiens et américains ont réexaminé 20 années de données sur les ours capturés le long des côtes de la Baie d’Hudson (les biologistes en capturent chaque année depuis 1984, leur attribuent une « étiquette » sur l’oreille puis les relâchent).

Parce que la Baie d’Hudson touche aux limites Sud de l’habitat de cet animal, ce qui s’y passe est annonciateur, à quelques années d’intervalles, de ce qui se passe chez les population plus au Nord, là où les glaces durent plus longtemps. Sur deux décennies, on estime que la population aurait décliné de 20%.

Le même Ian Stirling (cité ici) était parmi les signataires d’une étude qui, en 1999, avait observé que les ours polaires devenaient plus... maigres.

Car que se passe-t-il quand la banquise fond? L’ours est un excellent nageur, mais il y a tout de même des limites à sa condition physique. Et s’il se trouve que les glaces fondent une, deux, voire trois semaines plus tôt que d’habitude, sa condition physique est sérieusement menacée. Voilà pourquoi les plus jeunes (moins de 5 ans) et les plus vieux (plus de 19 ans) sont les premiers à mourir.

« Plus tôt la banquise fond, plus faible est le taux de survie », ajoute Eric Regehr, du US Geological Survey à Anchorage, Alaska. L’étude est parue dans l’édition de novembre du Journal of Wildlife Management.

Comme si ce n’était pas déjà assez difficile, une autre étude parue la semaine dernière critique les quotas de chasse canadiens : ceux-ci, selon Peter Molnar, de l’Université de l’Alberta, encourageraient l’abattage de mâles plutôt que de femelles, provoquant un débalancement dans cette population qui n’en a pourtant pas besoin.

Jadis, les glaces recouvraient la Baie d’Hudson huit mois par année. Aujourd’hui, on approche les sept mois.

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