Si vous vous êtes beaucoup alarmé pour la grippe aviaire, et que vous n’en êtes pas mort, avez-vous davantage de raisons de vous alarmer de la grippe porcine?

L’une est-elle pire que l’autre?

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Jusqu’à preuve du contraire, non. Toutes deux sont des cousines de la grippe, et toutes deux sont dotées d’une mutation rare pour un virus ou une bactérie, qui leur permet de sauter par-dessus la barrière des espèces —du porc à l’humain dans un cas, de l’oiseau à l’humain dans l’autre. Toutes deux peuvent effectivement être mortelles, mais dans un nombre très limité de cas. Statistiques à l’appui, s’il faut qu’il y en ait une des deux qui soit décrétée plus mortelle, il semble que ce soit la grippe aviaire.

Pourquoi alors la grippe porcine fait-elle les manchettes?

Alors que la grippe aviaire est née en Asie, la grippe porcine est apparue au Mexique, soit pas mal plus près des États-Unis... et de leurs médias.

Toutefois, il y a aussi le fait que la grippe porcine se transmette beaucoup plus facilement, à en juger par les statistiques des derniers jours. Encore que cela, en soi, constitue une bonne nouvelle : car si elle se transmet plus facilement (1600 cas recensés au Mexique rien qu’en avril) il s’avère du même coup que le taux de mortalité est plus bas qu’avec la grippe aviaire. C'est d’autant plus vrai qu’un grand nombre de cas n’ont pas été rapportés aux autorités mexicaines et se sont soignés tout seuls.

Peut-on l’attraper en étant en contact avec une personne infectée?

Étonnamment, il semble que oui, à en juger, justement, par la vitesse et la façon dont elle se répand. C’est là un scénario qui, il n’y a pas si longtemps, était jugé très risqué par de nombreux médecins. Un jour, disent-ils, une de ces mutations de la grippe, après avoir acquis la capacité de « sauter » d’une espèce étrangère à un humain, sera capable de se transmettre entre humains —et ce jour-là, nos vaccins contre la grippe seront peut-être inefficaces.

On n’en est pourtant pas là, dans ce cas-ci. La majorité des symptômes recensés correspondent à ceux d’une grippe ordinaire, soignée de manière conventionnelle. Serait-ce que la menace est moins grave que prévu? Ce médecin australien évoque le fait que le porc est, biologiquement, beaucoup plus près de nous que l’oiseau, de sorte que que « sa » grippe ne nous serait peut-être pas aussi risquée qu’on était porté à le croire.

Quel est le rôle des scientifiques?

Comment ce micro-organisme a-t-il pu acquérir cette capacité de se transmettre d'humain à humain, si tel est bien le cas? D’ores et déjà, des laboratoires travaillent à décoder le génome de ce nouveau cousin de la grippe, comme ils l’ont jadis fait en un temps record avec le virus du SRAS (voir ce texte). C’est seulement avec ce type d’information en main qu’on pourra répondre à toutes les questions —et mettre au point la variante appropriée du vaccin contre la grippe.

Est-ce nouveau?

Non. La grippe porcine, en tant que problème respiratoire chez ces animaux, est décrite pour la première fois par les vétérinaires dans les années 1930. Chez les humains, aux États-Unis, le Centre de contrôle des maladies d’Atlanta a recensé en moyenne « une personne par année ou par deux ans » atteinte de grippe porcine, jusqu’en 2005. Puis, une douzaine de cas entre 2005 et maintenant.

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