A 51 semaines des Prix Nobel 2010, le moment est-il propice pour lancer une réforme? Les Nobels de science ont beau récompenser des gens dont l’importance de la contribution ne fait aucun doute, il n’empêche qu’ils reflètent une science telle qu’elle existait à l’époque d’Alfred Nobel… il y a 110 ans.

Nobel de médecine, de chimie et de physique. Telle était la division il y a 110 ans, tels sont encore les Nobels de science aujourd’hui. Or, il y a 110 ans, la génétique n’existait pas, et la biologie n’avait même pas encore commencé à s’intéresser à ce qui était invisible à l’œil nu : eut-elle connu l’existence des protéines, des nucléotides et des acides aminés qu’elle les aurait sans doute classés sous « chimie ».

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Mais ce n’est pas la seule critique qui soit régulièrement faite des Nobels. Dans une lettre publiée par le New Scientist le 30 septembre, un groupe de 10 scientifiques, réunis à l’initiative du New Scientist , recommande l’instauration de Nobels pour l’environnement et la santé publique, en plus d’une réforme du prix de médecine : soit pour qu’il englobe clairement les sciences de la vie (donc, la génétique), soit pour qu’on le scinde entre un Nobel de médecine et un Nobel de biologie.

Leur justification : la philosophie des Nobels, telle qu’exprimée dans le testament d’Alfred Nobel en 1896, est de souligner la contribution de gens exceptionnels au mieux-être de l’humanité. Or, des secteurs de recherche dont l’importance sur le mieux-être de l’humanité ne sauraient être mis en doute, échappent complètement aux trois catégories de Nobels. Par exemple, en environnement : le déclin de la biodiversité et les changements climatiques. Ou en santé publique : l’éradication de maladies comme la variole en 1979 ou la lutte contre le sida.

Des organismes devraient également être admissibles, comme c’est le cas avec le Nobel de la paix.

Et c’est sans compter qu’une partie de la science moderne tombe carrément entre les fissures du plancher : la neurologie a été récompensée à deux reprises depuis 30 ans, alors qu’il s’agit d’un des deux ou trois domaines de la recherche bio-médicale les plus fructueux des dernières décennies. La génétique s’en sort mieux, encore que, tout dépendant des retombées d’une percée survenue il y a 20 ou 30 ans (le temps qu’il faut généralement pour attribuer un Nobel), elle tombe tantôt dans la catégorie « chimie », tantôt dans la catégorie « médecine ».

Ce n’est pas la première fois que de telles propositions sont mises sur la table. Quelles chances ont-elles de se rendre jusqu’aux bonnes oreilles? De l’avis de Robert Marc Friedman, historien des sciences à l’Université d’Oslo, en Norvège :

La Fondation (Nobel) tient jalousement à son image d’un organisme imperméable à toute influence extérieure.
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