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En 1977, le controversé docteur Gunther von Hagens inventait la plastination: en remplaçant l’eau des tissus humains par du silicone, il réussissait à figer dans le temps le corps de personnes décédées. Mais un cadavre a généralement un tout autre destin que celui de finir dans un musée… Âmes sensibles, s’abstenir de lire la suite…

 

D’abord, lorsque la mort survient, il y a arrêt des fonctions cardio-respiratoires: le cœur arrête de battre, la circulation sanguine s’interrompt. Peu à peu, le corps refroidit. En l’espace d’environ 24 heures, sa température s’équilibre avec celle du milieu ambiant.

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Pendant ce temps, le sang descend sous l’effet de la gravité, s’agglutinant dans les parties plus basses du corps. La lividité cadavérique —une coloration bleue ou pourpre de la peau— commence à apparaître à ces endroits. Une douzaine d’heures après la mort, le phénomène atteint son intensité maximale. À partir de cet instant, même si on déplace le corps, le sang ne bouge plus : les lividités sont fixées.

Les muscles du cadavre, quant à eux, durcissent de plus en plus, à mesure que calcium s’y amasse. Cette rigidité touche d’abord la nuque, les paupières et la mâchoire, puis s’étend graduellement, habituellement en 12 heures, à l’ensemble de l’organisme. Elle dure près de deux jours et disparaît progressivement pendant qu’on peut voir se dessiner sur l’abdomen, au niveau de l’intestin, une première tache verte de putréfaction…

Décomposition 101

La décomposition des tissus humains comprend deux processus distincts: l’autolyse et la putréfaction. L’autolyse –ou autodigestion– débute environ 4 minutes après le décès: les cellules, privées d’oxygène et d’apport nutritif, meurent, détruites par leurs propres enzymes.

La putréfaction se manifeste quand cette réaction biochimique d’autodestruction cellulaire a bien progressé. Les bactéries et autres micro-organismes s’attaquent aux tissus, où ils trouvent maintenant quantité de fluides riches en nutriments. La tache verte sur l’abdomen prend de l’ampleur, s’étend au thorax. Les gaz produits par les bactéries s’accumulent. Des sortes d’ampoules se forment sur la peau qui commence à se décoller. Le visage se boursoufle, les yeux bouffissent, la langue ressort. L’abdomen gonfle aussi. À un stade avancé, quelques semaines plus tard, la peau, les cheveux et les ongles se détachent. Le corps noircit. Des liquides ainsi que des gaz sont expulsés par la bouche et le nez. Les principaux organes éclatent. Le tout dégage une forte puanteur…

Cadavres exquis

Les bactéries ne sont pas seules à se partager le «repas». Rapidement, dans la première heure suivant la mort de l’individu, les mouches détectent une odeur qui les attire. Elles pondent leurs œufs dans les orifices naturels (narines, bouche, oreilles), les yeux ou les blessures. Quelques jours plus tard, leurs larves vont éclore et se nourrir des tissus humains. Une mouche du genre Calliphora (la mouche bleue de la viande) peut à elle seule pondre 2000 œufs!

Mais il n’y a pas que les mouches bleues. Diverses bestioles se relaient au fil des jours, des mois et des années pour coloniser le cadavre. En 1894, le vétérinaire français Jean-Pierre Mégnin parle de huit «escouades» d’insectes qui se succèdent dans une chronologie précise selon l’état de décomposition du corps et les odeurs qui en émanent. Ses travaux jettent en Europe les bases de l’entomologie judiciaire, une discipline scientifique consistant à étudier la faune présente sur un cadavre afin de déterminer la date approximative d’un décès dans les affaires criminelles.

Mais la science comporte encore des zones grises et des experts en entomologie ont récemment observé que la succession d’insectes peut varier. Une chose est sûre, ceux-ci jouent un rôle important dans l’inéluctable dépérissement de la chair humaine. Et les larves de mouches sont redoutables…

Six pieds sous terre

De nombreux facteurs influencent la vitesse de décomposition d’un cadavre. La chaleur et l’humidité ambiantes accélèrent le processus. Au contraire, le froid ralentit l’autolyse et empêche les bactéries de proliférer.

Par ailleurs, un corps inhumé à une certaine profondeur sera moins facile d’accès pour la faune environnante, surtout s’il repose dans un cercueil étanche. Quant à l’embaumement, qui consiste essentiellement à drainer le sang et à injecter un liquide chimique, il permet de conserver un peu plus longtemps le corps, de lui donner un sursis, le temps pour les proches du défunt de faire leurs adieux.

Finalement, dans tous les cas, au bout d’un an, il ne reste généralement plus que le squelette et les dents. Et après une cinquantaine d’années, même s’ils peuvent durer quelques siècles, les os sont fragilisés et cassants. La crémation, qui réduit les restes humains en débris d’os, n’est qu’une façon plus rapide d’arriver à une même fin. C’est l’inévitable destin d’un cadavre. À moins d’opter pour la cryogénisation… Ou de s’en remettre au Dr von Hagens…

 

 

 

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