Vos gènes font de vous un être humain... même les gènes de vos bactéries. Des centaines d’espèces de bactéries partagent en ce moment même votre vie. Bienvenue au décodage du génome humain... intestinal.

Non seulement a-t-on eu besoin d’un temps énorme pour vraiment compléter la totalité du génome humain (voir autre texte) mais en plus, voilà qu’on apprend qu’il y aurait 100 fois plus de gènes à découvrir parmi ces bactéries qui vivent en nous.

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Un projet international rassemblant des chercheurs européens et chinois, publié la semaine dernière dans Nature , s’est penché sur cette question intrigante —et démesurée. Sur leurs 124 volontaires —tous Européens— au moins 57 espèces de bactéries sont présentes chez tout le monde; si on fait l’addition, c’est au moins un millier d’espèces de bactéries différentes qui ont été recensées chez ces 124 personnes.

Le nom savant est métagénomique, c’est-à-dire le portrait génétique non pas d’un individu, mais d’un écosystème. Et dans ce cas-ci, ça semble être un écosystème plutôt confortable, à en juger par la fidélité de ses habitants.

« Les bactéries nous aident à digérer la nourriture, fournissent des vitamines, nous protègent des maladies envahissantes », rappelle l’un des chercheurs, Jeroen Raes. De leur dysfonctionnement résultent divers maux. Mais en général, on est plutôt ignorant face aux rôles de nos passagers, résume le journaliste scientifique Carl Zimmer:

Le corps humain est, en un sens, un luxueux navire de croisière pour les microbes. Ils embarquent sur le SS Homo sapiens lorsque nous naissons, et s’installent dans leurs différents quartiers —la peau, la langue, les narines, la gorge, l’estomac, les organes génitaux, l’intestin... Certains débarquent lorsque nous nous grattons ou allons aux toilettes; d’autres embarquent dans de nouveaux ports, lorsque nous serrons la main de quelqu’un ou avalons une cuillerée de yogourt.

Autre chiffre pour impressionner la galerie : nous abritons 10 fois plus de cellules de bactéries dans notre corps que de cellules humaines. Et 150 fois plus de gènes de bactéries que de gènes humains. Nous sommes des bouillons de culture ambulants.

D’où l’importance de ce recensement : quelles sont les interactions entre ces « invités » et nous? Pourrait-on « reprogrammer » une bactérie dysfonctionnelle?

Et, ultimement, qui contrôle qui?

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