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Les bancs d’école québécois sont-ils accueillants pour tous? Le programme québécois de lutte contre le décrochage scolaire — appelé Agir autrement — se fait critiquer ce mois-ci, mais on parle peu de la réussite des élèves immigrants.

« Il y a peu d’études longitudinales sur cette question. Leur parcours est cahotique et souvent jonché de difficultés », s’inquiète Yamina Bouchamma, du Département des fondements et pratiques en éducation de l’Université Laval.

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La chercheuse du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) s’est particulièrement intéressée à la francisation, la scolarisation et la socialisation des élèves immigrants en milieu minoritaire francophone du Nouveau-Brunswick.

Yamina Bouchamma a relevé de nombreux obstacles qui se dressent entre le jeune immigrant et la réussite scolaire : langue, baisse d’encadrement parental, diminution des contacts entre la famille et l’école, etc.

Les clés de la réussite

Lorsque les élèves maîtrisent la langue, leur parcours scolaire ne présente pas de grandes différences avec leurs comparses canadiens. Mais lorsque ce n’est pas le cas, les jeunes immigrants vivent un important isolement social. Une épreuve particulièrement difficile pour les adolescents, chez qui les réseaux sociaux s’avèrent si importants.

Cela se complique encore lorsque les parents immigrants ne parviennent pas à trouver un emploi. Les jeunes se disent alors : pourquoi étudier ? Alors que le diplôme « est pourtant vu comme une bouée de sauvetage chez les parents », relève la chercheuse.

Elle se penche actuellement sur les pratiques exemplaires et le sentiment d’efficacité d’acteurs scolaires dans l’inclusion des élèves immigrants. Pour elle, il importe avant tout d’accueillir ces élèves en reconnaissant leurs limites et leurs besoins particuliers.

Une situation souvent mal perçue en région, par le personnel de l’école. « C’est difficile dans les petites villes. Le personnel scolaire n’est ni préparé, ni sensibilisé aux problèmes liés à l’immigration », relève Yamina Bouchamma. La chercheuse a d’ailleurs récemment publié un ouvrage sur la question, L'intervention interculturelle en milieu scolaire.

Sa recommandation : le personnel enseignant devrait retourner sur les bancs d’école pour être mieux formé au multiculturalisme. « C’est à l’école de faire la différence. L’éducation à la citoyenneté devrait se faire de part et d’autre ».

Références :

- « Francisation, scolarisation et socialisation des élèves immigrants en milieu minoritaire francophone du Nouveau-Brunswick : quels défis et quelles perspectives » , un récent rapport de Yamina Bouchamma (2009).

- « L'intervention interculturelle en milieu scolaire », par Yamina Bouchamma aux Éditions de la Francophonie (2009).

- Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES).

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