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Si plusieurs des nouveaux élus aux États-Unis font déjà frissonner les écologistes pour leurs positions radicalement climato-sceptiques, voire anti-science, il en est par contre un dont, à l’inverse, la réélection pourrait représenter le premier référendum anti-gaz de schiste remporté en Amérique du Nord.

Le représentant démocrate Maurice Hinchey a été réélu mardi soir, dans le 22e district de l’État de New York, pour un nouveau mandat de deux ans. Mais le résultat a été cette fois beaucoup plus serré : Hinchey, dont la circonscription est au coeur des activités de « fracturation hydraulique » —la technologie controversée pour extraire le gaz de schiste— s’est affiché depuis des mois comme un fervent partisan d’une réglementation fédérale pour limiter cette activité.

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Il est l’un des chefs de file du « FRAC Act », un projet de loi sur la fracturation qui obligerait les compagnies à dévoiler publiquement la recette chimique employée dans leurs opérations. Et il est de ceux qui ont fait pression sur le gouverneur de l’État de New York pour qu’il prolonge le moratoire en vigueur là-bas, tant que son État n’aura pas effectué une étude des impacts sur l’environnement et la santé.

Ce qui n’a pas toujours été bien reçu dans son comté, qui court des Finger lakes jusqu’à une centaine de kilomètres au nord de la ville de New York : les compagnies de forage paient, comme c’est l’usage aux États-Unis, une redevance aux propriétaires du terrain où elles s’installent, et ces revenus sont très appréciés dans plusieurs des régions les plus pauvres de ce comté. L’équipe Hinchey a d’ailleurs accusé son adversaire, George Phillips, d’avoir été abondamment financé par l’industrie du gaz naturel.

Dans le scrutin de mardi, Hinchey a été réélu avec 53% des voix, contre 66% en 2008.

Ailleurs, le climat descendu en flammes

Dans le reste des États-Unis, le portrait augure mal pour l’environnement. Avec une majorité désormais républicaine à la Chambre des représentants, un nouveau projet de loi sur l’énergie et le climat, qui aurait pu remplacer celui mort l’été dernier, apparaît très peu probable —d’autant moins que la plupart des nouveaux élus républicains ne se sont pas contentés de s’opposer à des règlementations, ils se sont carrément affichés climato-sceptiques.

Par exemple, le président pressenti de la Chambre, le républicain John Boehner, réélu sans surprise mardi soir, avait déclaré en 2009 : « l’idée que le dioxyde de carbone soit un cancérigène dommageable pour notre environnement, est presque comique ».

Et le nouveau sénateur de Floride Marco Rubio était, des trois candidats, celui qui réclamait le plus vigoureusement un retour aux forages pétroliers dans le Golfe du Mexique.

Les plus inquiets évoquent depuis quelques jours que ces élus climato-sceptiques pourraient attaquer de front le ministère de l’Énergie et l’Agence de protection de l’environnement (EPA), qu’ils décrivent généralement comme nuisibles pour l’économie et l’emploi.

Ce travail de sape pourra aussi prendre la forme, selon ce qu'a appris The Guardian, d’enquêtes lancées par la Chambre des représentants contre l’EPA, contre des fonctionnaires ou même contre des chercheurs que les républicains accusaient déjà, l’an dernier, d’avoir caché des données. Le véritable but derrière cette stratégie étant, explique le climatologue Michael Mann, non de chercher la vérité, mais de semer le doute dans l’esprit du public.

La réalité est qu’ils n’espèrent pas découvrir quoi que ce soit. Ils veulent plutôt poursuivre un assaut de 20 ans contre les recherches sur le climat. (...) Nous avons vécu la pseudo-science qui remettait en question le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon, et les fausses affirmations remettant en question la science des pluies acides et le trou dans la couche d’ozone. La même dynamique, et plusieurs des mêmes joueurs, sont toujours au travail, questionnant la réalité des changements climatiques.

La version optimiste, présentée tard mardi soir sur le blogue Climate Progress —d’ordinaire bien plus morose— est que le discours trop radical de certains des nouveaux élus leur nuira, obligeant notamment les médias à rechercher une information exacte, faute de pouvoir présenter « le pour et le contre » sur un pied d’égalité.

En attendant, les écologistes peuvent se consoler : en plus de la victoire de l’obscur représentant du 22e district de New York, ils ont défait en Californie, à 61%, la proposition 23 : celle-ci visait à éliminer la loi sur l’énergie et le climat qui, depuis 2006, a fait de la Californie un modèle dans la lutte anti-pollution.

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