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Lors de la prochaine Nuit blanche de Montréal, le 26 février, vous pourriez assister à la conférence la plus bizarroïde de l’histoire! Une conférence où l’on ne sait pas à l’avance ce qu’on va raconter puisque le conférencier principal sera... Google!

Le collectif d’artistes du numérique Capture s’emparera du discours scientifique lors d’un « démo party », au point de vous faire douter du vrai du faux. La soirée s’inspire des conférences TED, où l’intervenant a généralement 18 minutes pour présenter une invention ou une idée qui va révolutionner le monde. « La différence c’est qu’on ne sait pas ce qu’on va raconter, car on va utiliser Internet pour produire un discours » explique l’artiste Gregory Chatonsky.

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Capture est une installation qui dégurgite sans fin des sons, des textes et des images grâce à différents programmes développés par les artistes, seuls ou en collaboration avec des ingénieurs et des chercheurs. Elle peut par exemple générer des propositions scientifiques imaginaires et voir sur le web si elles existent vraiment.

Les mots-clés sont tirés de listes et combinés aléatoirement pour définir un sujet imaginaire. Ensuite, un logiciel cherche cette phrase dans de vrais articles scientifiques, via Google Scholar par exemple.

Un autre système permet d’associer au hasard deux images sur Flickr, prendre des articles sur Wikipédia, des vidéos sur Youtube ou de produire automatiquement de faux schémas PowerPoint. Le tout sera lu par des voix de synthèse ou de vrais humains et mis en scène de manière festive. Internet oblige, on pourra suivre la conférence sur les médias sociaux.

Tout cela va-t-il donner un discours complètement incohérent? Ou bien va-t-on finir par croiser des éléments qui ont un rapport entre eux, voire même faire une découverte?

Pas impossible, selon Gregory Chatonsky. « La recherche scientifique aussi fonctionne parfois sur des hasards. Ici on utilise Google pour croiser deux éléments, comme un collage surréaliste. Et le plus terrible, c’est qu’une fois sur deux, ça produit du sens! ».

Mais le premier but de Capture est de proposer une réflexion ironique sur la manière dont est produit le discours scientifique. « Quand on écoute une démo sur TED, c’est un peu magique, note M. Chatonsky. [En tant que public] on est obligé de faire confiance puisqu’on ne peut pas vérifier tous les détails qu’on nous raconte. On est obligé de croire, d’imaginer. Entre la science et l’imaginaire, il y a en fait beaucoup de lieux de passage».

Par exemple, Capture a recours à SCIgen, un générateur de faux articles scientifiques. Pour un non spécialiste c’est un article scientifique à s’y méprendre car il utilise les mots et les schémas des sciences ! Mais même les scientifiques peuvent se faire berner! Les étudiants du MIT qui ont développé le générateur en 2005 ont soumis un papier à une revue scientifique (une revue sans comité de lecture, toutefois), qui l’a accepté!

Or, Google est devenu la source première d’information de monsieur tout-le-monde. « Ce qui nous intéresse, c’est comment Internet, en 10 ans, a complètement changé l’accès à la connaissance et comment nous pouvons faire pour distinguer le vrai du faux ».

Faire la part des choses, voilà tout un défi lors de la Nuit blanche! À noter que Capture est aussi un groupe de « netrock »… Dans cette conférence, vous ne piquerez pas du nez!

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