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[ mise à jour ] Une explosion dans une centrale nucléaire ne doit pas être confondue avec une explosion nucléaire. Au moment d’écrire ces lignes, le réacteur de la centrale de Fukushima ne semblait pas sur le point de s'effondrer. Néanmoins, l’endroit où s’est produit cette explosion et la quantité de radiations qui fuit seront les deux questions cruciales pour la suite.

 

[ Ajout 14 mars, 19h10 ] Au tour du réacteur no 2 de recevoir de l’eau de mer depuis lundi mais, alors que le soleil se lève mardi sur le Japon, le no 2 semble plus près d’une fusion (meltdown) que ses deux prédécesseurs ne l’ont jamais été.

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Le scénario est le même qu’avec les deux autres (le réacteur no 3, samedi, et le no 1, dimanche), mais en plus grave : le système de refroidissement du no 2 est lui aussi tombé en panne, l’eau de mer lui est injectée, mais en quantité insuffisante (les tuyaux ne sont pas tous fonctionnels, apparemment à cause des deux explosions de la fin de semaine).

C’est donc le moment d’expliquer qu’une fusion, un « meltdown » n’est pas une explosion atomique en préparation. Il n’y a pas assez d’uranium 235 dans le réacteur pour créer une telle explosion, rassurent le New Scientist, le Christian Science Monitor et le New York Times, mais il y en a assez pour laisser s’échapper bien plus de radioactivité que ce que les ingénieurs ont laissé sortir depuis samedi.

L’eau de mer a pour but de ne pas laisser « exposées » les barres de métal qui servent de combustible (et qui, en temps normal, sont submergées d’eau froide en permanence, sous peine de la catastrophe qu'on cherche à présent à empêcher).

L’injection d’eau de mer des derniers jours a évité (ou retardé?) cette catastrophe, mais n’a pas empêché les deux explosions de la fin de semaine, de sorte qu’il est à craindre qu’un incident similaire ne se produise à proximité du réacteur no 2.

[ Ajout 14 mars, 10h20 ] Envoyer de l’eau de mer pour refroidir les réacteurs no 1 et 3 de la centrale Fukushima Daiichi (et apparemment le numéro 2, lundi) est une mesure de dernier recours : l’eau de mer, par la corrosion qu’elle entraîne, rendra ces réacteurs définitivememt inutilisables.

Mais avec des systèmes de refroidissement en panne depuis le séisme, et avec la défaillance des systèmes de secours, les ingénieurs n’avaient pas d’autres choix, relèvent les experts interrogés ici et .

Les médias commencent aussi à souligner, plus fort que samedi, que le mot radioactivité ne doit pas faire paniquer à tous les coups. Certes, lorsque les ingénieurs évacuent des vapeurs radioactives, on détecte à proximité de la centrale des niveaux très supérieurs à la normale, mais ils demeurent très inférieurs à ce qui serait dangereux pour la santé des populations locales —pour l'instant. « Avec 1015 micro-sieverts par heure, il faudrait que quelqu’un soit exposé plus de 100 heures d’affilée pour qu’on voit apparaître, dans le sang, des traces de contamination », résume l’ingénieur français Bruno Comby dans Le Monde .

[ Ajout 13 mars, 23h15 ] L'explosion qui vient de survenir à proximité du réacteur no 3, dans la matinée de lundi (heure du Japon) n'a pas été une surprise: on la voyait venir depuis au moins 24 heures. C'est vraisemblablement le même scénario que pour la première explosion, à proximité du réacteur no 1, samedi: échec du système de refroidissement, et à cause de cela, de l'hydrogène qui fuit.

En fin de journée dimanche, c'était un portrait pas très réjouissant qui commençait à se dégager chez les experts en nucléaire: cette situation pourrait durer longtemps. C'est que, expliquent-ils, on n'éteint pas une centrale nucléaire juste en tournant l'interrupteur. Il faut régulièrement laisser s'échapper de la vapeur radioactive, jusqu'à ce que les barres de métal servant de "carburant" cessent de produire de la chaleur. Un processus qui, dans le pire des scénarios, pourrait durer... un an!

[ Ajout 13 mars, 11h05 ] Dimanche après-midi, il se confirme que ça va mal autour du second réacteur de la centrale où a eu lieu une explosion samedi. Pour la première fois, les autorités politiques annoncent qu'une seconde explosion pourrait se produire, cette fois autour du réacteur no 3: cela pourrait être causé par de l'hydrogène qui fuit en raison de l'échec (encore) du système de refroidissement. C'est vraisemblablement le même scénario qui a conduit, samedi, à l'explosion à proximité du réacteur no 1.

[ Ajout 13 mars, 10h10 ] Ne blâmez pas trop les autorités japonaises pour la confusion entourant l’information. Les Américains n'ont guère fait mieux pendant les premiers jours, lors de la catastrophe de leur centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie, se rappelle Christine Russell, qui avait couvert l’événement en 1979. Elle amène par ailleurs une autre pensée, sur l'impact à long terme de ce type d'accident. Impact non pas sur l'environnement mais sur la... psychologie : « contribua à immobiliser, aux États-Unis, tout nouveau développement de l’industrie nucléaire. Plus tard, l’accident catastrophique (de Tchernobyl) créa des inquiétudes internationales sur la sécurité. »

[ Ajout 13 mars, 9h25 ] Cette crise rappelle que s'il y a une population qui, depuis 60 ans, a eu de bonnes raisons d'être craintive face au nucléaire, c'est bien la population japonaise. Les plus virulents critiques, souligne le New York Times dans son édition de dimanche, ont toujours mis en doute la viabilité de centrales nucléaires dans une région propice aux séismes. Les réacteurs ont été bien sûr construits en conséquence... mais à la centrale Fukushima Daiichi, on avait sous-estimé le risque des tsunamis.

Pas encore d'alerte majeure à l'autre centrale, celle de Daini, mais le système de refroidissement, là aussi, éprouve des ratés, et des dizaines de milliers de personnes vivant à quelques kilomètres à la ronde ont été évacuées par mesure de précaution. En tout, ce sont 200 000 personnes qui ont été, ou seront évacuées, autour des deux centrales.

[ Ajout 12 mars, 23h 30 ] Dimanche matin (heure du Japon), il se confirmait ce qu'on avait craint la veille: un deuxième réacteur (le no 3) de la centrale de Fukushima Daiichi —celle où a eu lieu l'explosion samedi— éprouvait lui aussi des problèmes avec son système de refroidissement, ce qui pourrait obliger la compagnie d’électricité japonaise à évacuer des vapeurs radioactives, comme elle l’avait fait la veille avec le premier réacteur. Entretemps, le niveau de radiations détecté autour de la centrale a diminué depuis la veille, semblant confirmer que l'explosion n'a pas endommagé le premier réacteur.

[ Ajout 12 mars, 17h 20 ] Dans la soirée de samedi (heure du Japon), la situation semblait s'être stabilisée et le risque d'un effondrement catastrophique du premier réacteur ne figurait plus parmi les scénarios. Les efforts des autorités pour injecter suffisamment d'eau de mer pour refroidir ce réacteur n'avaient pourtant duré que deux heures, une durée apparemment insuffisante pour tout remplir (mais bien des évaluations contradictoires circulent dans les médias, et les autorités sont avares de détails).

[ Ajout 12 mars, 17h ] Comme l'expliquent deux journalistes du New Scientist, la décision prise samedi matin, quelques heures avant l'explosion, de laisser s'échapper des vapeurs radioactives, a peut-être évité le pire. Sur l'échelle internationale des événements nucléaires, qui va de 1 à 7, l'accident de Fukushima est désormais classé de niveau 4; Three Mile Island était de niveau 5, et Tchernobyl de niveau 7.

Aussitôt après le tremblement de terre, des rapports avaient commencé à émerger sur des dommages subis à au moins une des centrales nucléaires japonaises, celle de Fukushima Daiichi. L’explosion (visible sur le vidéo ci-contre) s’est produite à 15h36 samedi, heure locale. Elle s’est produite « près » du réacteur numéro un, a simplement précisé la compagnie Tokyo Electric Power. Elle a fait disparaître le toit d’un des édifices —une réminiscence inquiètante des images de Tchernobyl, la centrale nucléaire ukrainienne où s’est produit le pire accident nucléaire de l’histoire, en 1986.

Les autorités, qui avaient déjà décrété une zone d’évacuation de 10 km après le séisme, l’ont élargie à 20 km après l’explosion, pour Daiichi, l'une des deux unités composant la centrale nucléaire de Fukushima.

La centrale de Fukushima est située dans le nord du pays —plus près de l’épicentre— à 250 km au nord de la capitale, Tokyo. Elle était vieille de 40 ans.

L’explosion a été causée par un échec du système de refroidissement : tout réacteur nucléaire repose avant tout sur l’efficacité de son système de refroidissement, qui maintient le coeur à une température constante. Si l’eau froide cesse d’arriver, vous avez un problème : le réacteur surchauffe, l’eau se transforme en vapeur, et la vapeur augmente la pression sur le réacteur.

Une heure après le séisme —qui avait privé toute la région de courant— les générateurs d’urgence servant à maintenir en état ce système de refroidissement sont à leur tour tombés en panne. Un générateur mobile, de même que les batteries d’urgence, auraient également failli à la tâche, bien que des détails n'aient pas été fournis là-dessus. Du coup, la pression sur le réacteur s’est mise à monter, dépassant ce que celui-ci pouvait soutenir, mais sans aller jusqu’à faire s’effondrer le caisson crucial, qui abrite le réacteur lui-même.

Dès samedi matin, des vapeurs radioactives s’échappaient de la centrale, un ultime effort de la part des ingénieurs pour prévenir la catastrophe. En fin de journée samedi (heure du Japon) il n’était pas clair si l’explosion avait accru le niveau de radiations déjà relâchées dans l’air.

 

 

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