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L’énergie nucléaire émet moins de carbone, c’est connu. Mais de là à parler d’un nucléaire propre et vert, il y a tout un pas. C’est pourtant ce qu’affirment des chercheurs du Centre européen de recherche nucléaire (CERN). Pour eux, la solution est simple : remplacer l’uranium par un autre combustible, le thorium.

C’est au Sommet Equinox : Énergie 2030, qui se tenait en juin dernier à l’Institut Perimeter à Waterloo, en Ontario, que Yacine Kadi, physicien au CERN, est venu présenter les pistes les plus prometteuses en terme d’énergie pour l’avenir de la planète : les énergies renouvelables (solaire, éolien et piles électrochimiques), la géothermie et le nucléaire.

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Aucune grande révélation ici. Mais c’est en expliquant comment le thorium pourrait avantageusement remplacer l’uranium dans la production d’énergie nucléaire – et rendre par le fait même cette énergie plus propre et verte — que le chercheur a suscité le plus de réactions.

« Le thorium est un combustible, explique-t-il, qui produit moins de déchets toxiques. Leur durée de vie est aussi plus faible que ceux produits par l’uranium. Un autre avantage : sa capacité de production est 200 fois supérieure à celle de l’uranium et 3,5 millions de fois supérieure à celle du charbon. »

De plus, selon les chercheurs du CERN, l’utilisation du thorium en combinaison avec un accélérateur de particules permettrait de mieux prévoir le fonctionnement des réacteurs en mode critique et ainsi de s’affranchir de possibles accidents. « La réaction s’arrête d’elle-même en cas d’accidents quand on utilise du thorium, ce qui n’est pas le cas quand on utilise de l’uranium », précise le physicien.

Il n’en fallait pas plus pour faire réagir les adversaires du nucléaire. « Ce n’est jamais propre, ce n’est pas vrai », s’est insurgé Michel Duguay, chercheur en génie électrique à l’Université Laval. « Il faut mettre le thorium dans des réacteurs en marche pour que les neutrons fassent la transformation en uranium, qui lui est fissile. Mais quand il se fend, il devient aussi dangereux », clarifie le chercheur et porte-parole du mouvement Sortons le Québec du nucléaire, un organisme qui réclame la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly, la seule centrale encore en activité au Québec.

Et de conclure le directeur général au Québec de la Fondation Suzuki, Karel Mayrand : « Quand on a des catastrophes et qu’on s’expose à la problématique des déchets et à des rejets, on ne peut pas dire, même avec le thorium, qu’on a une industrie propre. »

Entretemps, la Commission canadienne de sûreté nucléaire approuvait, il y a quelques jours, la réfection de la centrale de Gentilly.

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