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En temps normal, il se serait agi de quatre études confirmant, encore, que la Terre se réchauffe très vite. Celles-ci ont toutefois eu droit à une grosse attention médiatique... parce qu’elles ont été en partie financées par l’empereur des climatosceptiques. Gênant.

Et encore plus gênant pour le plus populaire des blogueurs climatosceptiques, Anthony Watts, qui n’a de cesse, depuis des années, de monter en épingle le moindre document, révisé par les pairs ou non, qui prétend mettre en doute le réchauffement. Lorsque les études dont il est question ici ont été annoncées l’an dernier, il se disait «prêt à accepter n'importe quel résultat qu’elles produiront, même si ça prouve que ma prémisse était fausse» . Vendredi dernier, après leur publication, il déclarait suspendre son jugement... puisque ces études n’ont pas encore été révisées par les pairs!

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Appelée BEST, pour Berkeley Earth Surface Temperature Study, il s’agissait d’une évaluation «indépendante» des températures (1,6 milliard en tout) relevées par toutes les stations météorologiques grâce auxquelles sont construits ces graphiques qui montrent invariablement une tendance à la hausse, depuis le 20e siècle.

C'est qu'un des arguments des climatosceptiques a toujours été que ces stations n’ont pas tenu compte de «l’effet de chaleur urbaine», c’est-à-dire le fait qu’entre les premiers relevés de température et maintenant, beaucoup de villes ont grossi tout autour de ces stations —or, il fait toujours un peu plus chaud en ville. Les climatologues, de leur côté, affirmaient qu’ils prenaient bel et bien en compte l’effet urbain, en ajustant les relevés de température en conséquence.

Or, à la surprise des climatosceptiques, le graphique auquel ont abouti les réviseurs de BEST colle parfaitement à ceux qu’on a l’habitude de voir: c'est-à-dire ceux produits par la NASA, la NOAA (Agence américaine des océans et de l’atmosphère) et le CRU (Unité de recherche sur le climat, en Angleterre: c'est elle qui a été vilipendée lors du climategate , en 2009).

De cette analyse, nous concluons que la différence dans les taux de hausse des températures entre les stations [classifiées par la NOAA comme] pauvres et les stations [classifiées par la NOAA comme] OK, est de –0.014 ± 0.028 degrés Celsius par siècle.

Un écart insignifiant, qui oblige à conclure, dans une des quatre études, qu’il n’existe aucun biais significatif induit par «l’effet de chaleur urbaine». C’est un des arguments majeurs des climatosceptiques qui tombe.

Ces recherches étaient financées en partie par une fondation créée par Bill Gates, mais aussi par la Fondation Charles Koch, du nom de l’homme d’affaires qui, depuis une décennie, est derrière une foule de lobbys employés à nier la réalité du réchauffement ou de l’influence humaine. Parmi les scientifiques, on notait la présence de deux habitués des attaques «anti-réchauffement», Judith Curry et Richard Muller.

Dans une lettre publiée par le Wall Street Journal vendredi, Richard Muller admet que «nos résultats s’avèrent être très près de ceux publiés par les groupes qui nous ont précédé» (une allusion, sans les nommer, à la NASA, la NOAA et le CRU) et que cela signifie...

...que ces groupes ont été vraiment très prudents dans leur travail, en dépit de leur incapacité à en convaincre certains sceptiques. Ils sont parvenus à éviter les biais dans leur sélection de données, l’homogénéisation et autres corrections.

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