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Difficile de ne pas être décontenancé pour qui suit la campagne électorale américaine. Des déclarations à l’emporte-pièce qui font parfois douter, vu de l’extérieur, qu’il s’agisse de potentiels présidents du plus puissant pays du monde. Et la façon dont la science est traitée ne rehausse pas leur cote.

À notre émission cette semaine, nous jetons un regard sur cette étrange campagne présidentielle. Une campagne indéniablement plus dure, plus radicale, que celles qui ont précédé, confirme Louis Balthazar, de la Chaire Raoul-Dandurand. Une détérioration du discours qu’il remet en contexte avec une certaine évolution de la société.

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Les sujets scientifiques n’en sortent pas grandis : les candidats ne se contentent plus de remettre en doute la science, comme à l’époque de la guerre du tabac, ils la rejettent en bloc —ils nient le réchauffement climatique, l’évolution, la vaccination, et plus encore. Mais l’économie n’est jamais loin, témoigne Pierre Martin, qui a comparé le vote pour Obama en 2008 et la production de gaz à effet de serre dans chaque État.

On dit aussi un mot du rôle méconnu des think tank, ces groupes de réflexion, pour la plupart campés à droite, dont les travaux en apparence scientifique ont souvent pour unique objectif de donner une apparence de crédibilité à un argumentaire anti-science : et c’est une stratégie de manipulation de l’opinion publique qui porte fruit.

Nos invités :

Et une intervention de l’an dernier d’Yves Gingras, sociologue des sciences à l’UQAM, sur les groupes de réflexion (think tank).

En musique: un classique pour rester dans le ton. God is an American, par Jean-Pierre Ferland.

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Je vote pour la science est diffusée le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal). Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et nous télécharger sur iTunes.

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Transcription de la première partie

Isabelle Burgun (IB): On va donc parler de politique américaine. Sans doute en lien avec cette bizarre campagne qui est en cours entre les républicains.

Pascal Lapointe (PL): Les Québécois qui suivent la politique américaine ont peut-être l’impression que les médias d’ici caricaturent les propos de Mitt Romney, Rick Santorum et les autres. Et pourtant, c’est sérieux, on a eu droit ces dernières semaines à des déclarations sur l’avortement ou l’impôt des riches, ou la politique étrangère, qu’on n’auraient pas cru possibles dans la bouche d’un futur président des États-Unis.

IB: Et la science y occupe une place, mais ce n’est pas à l’honneur de ces candidats, comme on va voir avec nos invités.

PL: Mais avant de commencer cet entretien. Pour vous mettre dans l’esprit de la politique américaine: trois actualités.

La première: l’État du Tennessee a voté la semaine dernière une loi autorisant l’enseignement du créationnisme à l’école. On y lit que les professeurs de science sont encouragés à promouvoir la “théorie” de la création du monde biblique, sur un pied d’égalité avec l’évolution. Il ne manque plus que la signature du gouverneur du Tennessee, mais celui-ci est l’objet d’une forte pression des associations d’enseignants, de parents, et des médias, qui veulent garder la religion en-dehors des écoles publiques.

La deuxième nouvelle : le candidat à la présidence, Rick Santorum, ne se contente pas, comme on va le dire tout à l’heure, d’exprimer du bout des lèvres qu’il ne croit pas à la théorie de l’évolution. Il l’écrit. Dans un texte qu’il a publié le mois dernier dans le plus gros quotidien de Philadelphie, il se dit fier d’un amendement qu’il avait amené en 2001 pour introduire le créationnisme à l’école. Et il décrit l’évolution comme une science idéologiquement orienté pour endoctriner les enfants.

Et la troisième et dernière nouvelle: un sénateur de l’Oklahoma, James Inhofe, fait la tournée des médias pour mousser son nouveau livre. Il est connu depuis longtemps pour son opposition virulente à tout discours sur le réchauffement climatique.

Eh bien il a déclaré ce mois-ci, en entrevue à la radio, que sa source d’information pour nier le réchauffement climatique, c’est la Bible. Plus précisément, le livre de la Genèse, chapitre 8, verset 22, où il est dit qu’il y aura toujours des printemps et des hivers. Une fois qu’on a lu ça, a dit le sénateur, on n’a plus besoin d’écouter les scientifiques.

(musique)

La science n’a jamais été la matière forte d’une campagne électorale, que ce soit aux États-Unis ou ici. Mais rarement avait-on vu autant de candidats aborder des thèmes scientifiques, pour se camper tout de suite en opposition par rapport à eux. C’est le cas, ces derniers mois, avec les candidats républicains à la présidence des États-Unis: les uns ont mis en doute la vaccination, se sont prononcés contre la recherche sur les cellules souches; tous sauf un ont nié que l’humain ait une responsabilité dans le réchauffement climatique, et certains ont tout simplement nié le réchauffement. Et au moins deux ont laissé entendre qu’ils croyaient au récit de la création biblique en 7 jours plutôt qu’à l’évolution.

On écoute deux extraits. Mitt Romney, disant dans une assemblée partisane qu’il ne croit pas au rôle des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique. Et Rick Santorum, disant qu’il ne croit pas au réchauffement climatique.

Suite à la 4e minute: cliquez sur le lien audio ci-haut

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