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Ce mois-ci: à Ottawa et à Québec, les observateurs ont fait l’exégèse des budgets et de la place (ou non-place) qu’y occupent science ou environnement; en France, les amateurs de science grappillent ce qu’ils peuvent des déclarations de leurs candidats à la présidence; tandis qu’aux États-Unis, il est des déclarations sur la science des candidats à la présidence dont on se serait bien passé...

En France, Votons pour la science continue d’engranger les réponses à son questionnaire envoyé aux candidats (dernière arrivée: l’écologiste Eva Joly), une initiative qui fera peut-être des petits. Parallèlement, le magazine Pour la science a publié un dossier Science et élections , un signe que, peut-être, dans l’Hexagone aussi, les réflexions « science et politique » prennent du galon.

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Par ailleurs :

Au pays des prix Nobel

Climat radicalement différent aux États-Unis (notre émission du 27 mars), où le sénateur républicain James Inhofe a dit de la Bible qu’elle constitue une source d’information sur le réchauffement climatique plus valable que la science révisée par les pairs. Et quant au candidat à la présidence Rick Santorum, non content de nier verbalement l’évolution et le réchauffement, il l’écrit, dans une lettre d’opinion publiée par le principal quotidien de Philadelphie.

Pas étonnant que plusieurs aient souri devant le titre « Comment construire un scientifique républicain? ». Et qu’une recherche sur la croissance de l’attitude anti-science chez les conservateurs depuis 35 ans ait attiré l’attention (notre texte).

Les menaces de mort aux scientifiques sont un symptôme de cette polarisation des débats. Le climatologue Michael Mann fait à ce sujet la tournée des médias avec son livre The Hockey Stick and the Climate Wars (vidéo). Du coup, ça soulage de découvrir qu’il subsiste au moins un sénateur pro-climat (Bernie Sanders, Vermont).

Science Debate, qui fut l’inspiration de Je vote pour la science en 2008, reprend tout doucement du service pour l’élection 2012 (appel aux questions du public).

Au pays des frais de scolarité

Au Québec, le débat sur les droits de scolarité a été aussi, un peu, un débat sur le rôle de l’université dans la société.

Et le budget québécois, pas plus que le Plan Nord, n’ont encore donné lieu à un débat sur l’environnement de cette vaste région, mais ça viendra (La Presse, Presse canadienne, Je vote pour la science).

Au pays d’Harper

À Ottawa, c’est le budget qui a retenu l’attention. L’Acfas et d’autres se réjouissent des investissements en R&D (qui n’ont pas diminué) bien que quelques-uns s’inquiètent de leur orientation plus que jamais “entrepreneuriale”: cap sur l’emploi, au détriment de la recherche fondamentale, titrent Le Devoir et Nature .

Le buzz médiatique de février sur le bâillon imposé (depuis des années) aux scientifiques à l’emploi du gouvernement fédéral a continué de faire des petits: éditorial dans La Presse (11 mars) et un titre-choc dans un blogue américain, Canada to science: Drop Dead . Et une intervention du ministre canadien de l’Environnement: les scientifiques ne sont pas bäillonnés, c’est l’ego des journalistes qui est le problème.

La défense inébranlable des sables bitumineux n’a pas adouci les angles à l’étranger, pas plus que les coupes annoncées dans les processus d’évaluation environnementale (Le budget “cible les critiques environnementaux”), dans la loi sur les pêches (lettre de 625 scientifiques) ou l’annonce de la fermeture de la station scientifique PEARL, dans l’Arctique (CBC, PostMedia News, Le Devoir ).

De tout ce contexte, le New Scientist a fait une synthèse peu réjouissante: La réputation “verte” du Canada en prend pour son rhume (2 avril).

Au pays de l’énergie

Le pipeline Keystone, qui doit justement relier l’Alberta au Golfe du Mexique, et que l’on croyait enterré jusqu’à l’an prochain, a resurgi lorsque le président Obama a annoncé que son segment sud serait malgré tout construit (Globe and Mail, The Hill, New York Times). Coalition improbable: au Texas, l'opposition à Keystone réunit démocrates... et Tea Party!

Bill McKibben, le chef de file des opposants, a été plus présent que jamais dans les médias (jusqu’au... Colbert Report!). Et rappelle que cette opposition à un pipeline ne doit pas faire oublier le plus gros pollueur, le charbon. Argument similaire chez le chroniqueur Tom Friedman (New York Times) pour qui il ne faut plus laisser les “guerres du climat” continuer de “faire dérailler les efforts vers une politique de l’énergie”. Quand même le magazine Forbes relaie l'idée d'une gouvernance mondiale sur le climat, c'est qu'il est temps d'agir. (Nature News)

  • Un livre: Before the Lights Go out . Les banlieues face au double péril du réchauffement & du pic pétrolier.
  • De nouvelles règles anti-pollution annoncées en mars aux États-Unis interdiront à toutes fins pratiques de nouvelles centrales au charbon (Climate Progress, Politico)
  • Au Québec, la Bourse du carbone apparaît sur les écrans radars (2,4 milliards$ d'ici 2020, annonce le budget), mais ça n’est pas encore ficelé, parce que ça ne dépend pas que du Québec.

L’héritage de Fukushima:

Au pays de l’accès libre

La bataille contre l’éditeur scientifique Elsevier se poursuit: le 20 mars, le boycott a dépassé les 8500 signatures (voir le billet où tout a commencé, en janvier). Elsevier prétend pour sa part que "le système fonctionne”, ce que les chiffres tendent à démentir (Times of Higher Education et Michael Taylor)

Et aussi

Recherche: Pascal Lapointe

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