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Mon cœur battait à l’unisson de celui des 12 musiciens —neuf percussionnistes, deux chanteuses et une flutiste. Pas uniquement mon cœur, mes pieds et mes mains aussi frappaient en rythme dans cette plongée sonore et cadencée du concert montréalais Drumming du compositeur américain Steve Reich.

L’envie d’unir sa voix —ou son battement de pieds— à la musique s’avère parfois irrésistible. «Tout le monde partage ce désir de production musicale. Quand ils en ont l’occasion, les gens produisent des sons, des battements et des chants», témoigne Gwénaëlle Journet, étudiante en anthropologie à la faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.

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Cette jeune chercheuse s’est intéressée, pour son mémoire, à la dimension biologique de la musique, aussi importante pour elle que le volet culturel. Elle présentait ses travaux lors du récent colloque du Groupe d’étude interdisciplinaire sur la nature humaine.

Faire de la musique, comme le rire, serait donc le propre de l’homme, et ce, même si l’on en fait médiocrement ou avec un plaisir limité. Les singes n’en sont d’ailleurs pas capables, malgré leurs émotives vocalisations. Même les oiseaux, s’ils gazouillent et chantent, ne le font pas pour tisser des liens, et encore moins pour des raisons esthétiques et artistiques.

Déjà, dans les bras de maman, les berceuses stimulent notre attention. D’un bout à l’autre de la planète, les mères chantent pour leurs enfants. «La voix de la mère, c’est sans doute l’un des premiers contacts avec la musique. Elle est communication et créatrice de lien entre la mère et l’enfant», rapporte la chercheuse.

La musique participe même au développement cognitif et social de l’enfant. Elle prend aussi une place spéciale dans son cerveau qui lui dédie des zones propres –certaines homologues au langage et d’autres spécifiques à la production musicale, l’écoute, etc.

Universelle musique

Pour mieux cerner ce besoin naturel et universel de faire la musique, Gwénaëlle Journet a fait l’inventaire des universaux musicaux —des propriétés de la musique au caractère universel. Pour y arriver, elle a arpenté les sphères de la connaissance, celle des émotions, du caractère structurel (octave, répétition, etc.) jusqu’au symbolisme (rituels, musique religieuse, etc.).

Ses résultats démontrent que la latéralisation du cerveau, l’activation des zones de l’émotion ou les interactions sociales lors de l’écoute de musique sont toutes observables. Selon elle, il y a même une coévolution de la musique et du langage au cours de l’évolution humaine.

Ancrée en nous grâce à des bases biologiques et porteuse de concepts universels, la musique n’aurait cependant pas de finalité. «C’est difficile d’affirmer qu’elle est apparue pour quelque chose, mais on ne peut pas dire qu’elle est inutile à l’homme», soutient-elle. Qu’on l’adore ou ne l’aime pas, la musique appartient à notre vie de manière intime.

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