cop19.jpg
Il a été souvent répété que les climatologues sont incapables d’affirmer que tel événement météo extrême est causé par le réchauffement. Mais si ça changeait? Si, un jour, il devenait possible de pointer «l’empreinte humaine» dans un typhon... qui le pays dévasté pourrait-il poursuivre en justice?

S’il est une chose qui a fait obstacle entre les pays riches et pauvres à la dernière conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, c’est la question des compensations relatives aux «pertes et dommages». Au final, la conférence s’est discrètement achevée sur une entente par laquelle sera créé «un mécanisme international pour fournir aux populations les plus vulnérables une meilleure protection contre les pertes et dommages». Ce n’est pas le mécanisme d’appel que réclamaient certains des plus vulnérables, mais ce n’est pas non plus une porte entièrement fermée à une reconnaissance, par les plus riches, de leur responsabilité.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Plus précisément, résume le chroniqueur du New Scientist Fred Pearce, c’est une reconnaissance que, dans la lutte aux changements climatiques, la planète a franchi deux étapes depuis le Sommet de Rio, en 1992. On n’en est plus, comme à l’époque, à «prévenir» les conséquences les plus dangereuses des changements climatiques: on reconnaît que ces conséquences sont déjà là. On ne se contente pas non plus de parler «d’adaptation» aux futurs changements, comme dans l’entente de Kyoto, en 1997: on est rendu au-delà.

Il y a quelques années déjà que des juristes affirment que les nations les plus durement touchées pourraient demander à la Cour internationale de justice à La Haye de les écouter. Elles pourraient par exemple alléguer que les pays riches ont failli à leurs obligations prises au Sommet de Rio. Ou encore, il serait possible de remonter à la signature en 1990, par la majorité des pays membres de l’ONU, du premier rapport du Groupe intergouvernemental des Nations Unies sur les changements climatiques (le GIEC): il serait difficile aux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre de prétendre qu’après 1990, ils n’étaient pas au courant des conséquences.

Mais pour en arriver là, la science aura un rôle à jouer: il lui faudra être davantage capable qu’aujourd’hui d’attribuer le poids du blâme que portent respectivement l’humain et la nature dans un typhon comme Haiyan, qui a frappé les Philippines le mois dernier.

Des précédents existent: une équipe de l’Université Oxford sous la direction du climatologue Myles Allen a conclu que la canicule qui avait tué 70 000 personnes en Europe en 2003 avait été rendue deux fois plus mortelle à cause du réchauffement climatique.

Quant aux compagnies privées, certaines se retrouveront tôt ou tard sur la sellette: aux États-Unis, des groupes locaux victimes de la hausse du niveau des eaux, notamment en Alaska et en Louisiane, tentent ou ont tenté de poursuivre en justice des géants du pétrole ou du charbon. Aucune de ces causes n’a encore abouti.

Le mois dernier, le chercheur Richard Heede, associé au groupe écologique Climate Accountability Institute (littéralement : Institut de la responsabilité climatique) publiait une liste de 90 compagnies, privées et publiques, qui seraient à elles seules, selon son calcul, responsables de 63% des émissions de CO2. En tête de liste, les suspects habituels: Chevron, ExxonMobil, Aramco et BP.

Je donne