À preuve, les titres de leurs récentes œuvres: Le tour de Jules Verne en 80 minutes, Le petit cirque scientifique, Autour de la lune avec Jules Verne, Une folie électrique, etc.
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Ne cherchez donc pas les savants fous dans la salle où était présenté le colloque Les sciences et le spectacle vivant des pratiques aux recherches lors du récent congrès de l’Acfas. Les participants avaient plutôt droit à un programme sérieux coloré par la présence du Ludo Virion (Isabelle Grosjean de l’INSERN dans un habit de virus pour l’animation Ludo Viro), de comédiens, de clowns et divers praticiens qui s’interrogeaient sur la théâtralisation scientifique: qui s'adresse à qui et pourquoi? La recherche scientifique permet-elle de convoquer l'émotion? Quels types de production de sens doit-on activer?
Controverses et théâtre
Ici, relève Frédéric Tournier du projet Science & Médias du CERILAC à l’Université Paris Diderot, tout commence par la mise en scène de controverses scientifiques. «Nous voulons mettre en culture les sciences à travers le théâtre pour montrer la complexité du travail du chercheur et la vie sociale des faits scientifiques.»
Dans ce programme universitaire de journalisme, de communication et culture scientifique, les jeunes étudiants doivent monter une pièce de théâtre en 60 heures —mise en scène, musique et éclairage compris! Ils travaillent à partir d’articles de journaux autour d’un thème central: biodiversité, eau, mémoire, cerveau, etc. «L’objet n’est pas d’en faire des comédiens, mais de se servir du théâtre pour qu’ils s’interrogent sur les enjeux scientifiques et de changer leur regard sur la science», explique l’enseignant.
Théâtre d’objets
Avec sa compagnie Les bateleurs de la Science, Daniel Raichvarg, directeur du Centre de recherches sur la culture, les musées et la diffusion des savoirs de l’Université de Bourgogne et coorganisateur du colloque, met en scène les acteurs, mais également divers objets scientifiques destinés à rendre crédible le propos scientifique. « ’est le rapport au réel. La lunette, le microscope et l’éprouvette rendent compte de la symbolique de la réalité», assure-t-il.
Même la simple boite de Petri a une histoire à conter. Utilisée en microbiologie, cette boîte cylindrique et transparente —que l’on doit au bactériologiste allemand Julius Richard Petri— prend toute sa théâtralité lorsqu’elle est sur scène. «L’acteur se lie alors à l’objet, il le présente et en parle. Il le transforme en objet de théâtre , note Daniel Raichvarg. Il s’agit ainsi de le transfigurer pour divertir le spectateur.
Quand la science inspire le théâtre
La jeune Dina Noaman de l’Université d’Ain Shams, au Caire, en Égypte, présentait aussi lors de ce colloque l’original Projet Binôme. «C’est la rencontre entre un poète et un savant», résume la jeune chercheuse en création littéraire. Un auteur échange pendant 50 minutes avec un scientifique avec l’objectif d’écrire une pièce.
La rencontre de la poète Sonia Chambretto et du neurologue Arthur Leblois du Laboratoire de neurophysique et physiologie à l'Université Paris V a donné la pièce Parking Song —un jeu de mots sur la maladie de Parkinson— inspirée des travaux de recherche sur les oiseaux chanteurs.
Appréhender la science par le théâtre
À deux pas de l’école, le théâtre peut aussi soutenir l’école dans sa mission de former une nouvelle relève. «Le spectacle vivant développe cette attitude chez les enfants en rendant la science accessible et intéressante», annonce Ghislain Samson, chercheur en didactique des sciences et de la technologie? de l’Université du Québec à Trois-Rivières et coorganisateur du colloque.
Au sein du Centre de démonstration en science de Trois-Rivières, les jeunes pratiquent le théâtre en y ajoutant des notions de sciences et de mathématiques. Le spectacle «vivant pour les vivants» relève ainsi le rideau du côté de l’émerveillement et des sciences.
