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En Italie, on ne peut plus condamner un sismologue pour ne pas avoir su prédire un tremblement de terre. Du moins, tant que le nouveau jugement ne sera pas porté en appel...

Les six scientifiques italiens et le fonctionnaire de la protection civile qui avaient été condamnés en ce sens en 2012, ont en effet vu leur jugement renversé par une cour d’appel, lundi. La cour a annulé leur sentence de six ans de prison et a réduit à deux ans celle du fonctionnaire.

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La cause avait pour origine un séisme qui, en 2009, avait tué 309 personnes et fait plus de 50 000 sans abris dans la ville de L’Aquila. Plusieurs citoyens de L’Aquila qui attendaient lundi le jugement ont d’ailleurs réagi avec colère et la possibilité d’un appel en cour suprême semble envisagée.

Certes, comme d’aucuns ont pu l’oublier, ces experts n’avaient pas été vraiment condamnés parce qu’ils n’ont pas su prédire un séisme, mais parce que l’information sur les risques avait été mal communiquée. Sauf que pour le profane, la ligne est mince: comment «bien» communiquer une information qui est, par essence, incertaine? Si l’évacuation avait été recommandée, et qu’il n’y avait pas eu de séisme, ces experts auraient-ils pu être également poursuivis en justice?

Dans les mois qui avaient précédé cette tragédie, la région avait été secouée par de nombreux séismes de faible magnitude. Un sismologue amateur qui y voyait le signe avant-coureur d’un séisme de plus grande intensité, avait ajouté à l’inquiétude des résidents.

Le 31 mars 2009, six jours avant le tremblement de terre, la Commission italienne des grands risques se réunit donc à L’Aquila. Sa conclusion est, dans un langage typiquement scientifique, qu’un gros séisme est «peu probable», mais ne peut pas être exclu. Lors de la conférence de presse qui suit toutefois, les six sismologues sont déjà partis et le directeur adjoint de la protection civile, Bernardo de Bernardinis, se retrouve seul à défendre cette conclusion. En réponse à une question d’un journaliste, il affirme qu’il n’y a «aucun danger», et c’est là-dessus qu’a tablé l’accusation, alléguant que les sept avaient donné des informations inexactes, incomplètes et contradictoires. En octobre 2012, après un procès de 13 mois, ils sont déclarés coupables.

Dans le nouveau jugement rendu lundi, la cour d’appel rejette donc cette condamnation, se rendant aux arguments de la défense selon lesquels aucun lien de cause à effet ne peut être établi entre la conférence de presse et le comportement des habitants de L’Aquila —c’est-à-dire ceux qui ont décidé de rester sur place, et qui sont morts. La défense a toutefois aussi mis une pierre dans le jardin de M de Bernardinis, alléguant que les scientifiques ne pouvaient être tenus responsables de ses propos rassurants.

Le jugement complet, comme c’est l’usage dans les cours italiennes, pourrait ne pas être publié avant trois mois.

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