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Les Nord-Américains qui ont vécu un mois de novembre inhabituellement froid, vortex polaire oblige, vont avoir du mal à le croire, mais 2014 est toujours en lice pour battre le record de l’année la plus chaude depuis plus d’un siècle.

Il faut dire que chacun des 10 premiers mois de l’année a été le plus chaud depuis 1880. Il aurait fallu que le froid tombé à la mi-novembre sur la majeure partie de l’Amérique du Nord touche une plus grande portion de la planète —et dure plus que quelques jours— pour que la moyenne générale de l’année en soit influencée.

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Prix de consolation toutefois pour ceux qui avaient conclu que le réchauffement climatique serait derrière ce «vortex polaire» version 2014 et qu'il faudrait s'attendre à en avoir plus: les avis sont partagés. Bien que les ingrédients soient là, rien ne permet d’affirmer que cette vague de froid soit le résultat du débalancement des courants atmosphériques causés par la hausse moyenne de près d’un degré depuis un siècle.

Explication. «Vortex polaire» est un terme employé depuis des décennies par les météorologues, mais qui n’a franchi la barrière du langage populaire que l’an dernier: on appelle ainsi un corridor d’air qui serpente autour de l’Arctique et y emprisonne l’air plus froid. Le mot «serpenter» n’est pas employé au hasard: ce corridor suit effectivement une trajectoire sinueuse, et lorsqu’il s’affaiblit, il arrive qu’une de ses «courbes» descende beaucoup plus loin au Sud, entraînant l’air froid avec elle.

C’est ce qui explique que le Texas ait fait connaissance avec des vents polaires —une rencontre pour le moins inhabituelle. Et c’est ce qui explique la masse de neige tombée dans la région de Buffalo, avec l’aide, dans son cas, des Grands Lacs: les vents très forts soufflant au-dessus de cette masse d’eau ont déplacé vers l’est une grande quantité d’humidité, qui est retombée en neige.

Mais faut-il voir derrière ces événements météorologiques extrêmes la main du réchauffement planétaire? Difficile de trancher. Tout d’abord, une tornade dans le Pacifique a joué un rôle direct dans le processus: Nuri, apparue près de l’équateur à la fin d’octobre, s’est déplacée vers le nord, jusqu’en Alaska, sans rencontrer de terre qui aurait pu la ralentir. Sa rencontre «violente» avec les courants d’air froid, le 8 novembre, a produit le déplacement vers le sud de la «courbe» du vortex polaire.

Même sans cette tornade, certains météorologues comme l’Américain Michael Ventrice —qui ne nie pourtant pas le réchauffement climatique— associent le vortex polaire à un phénomène plus ou moins cyclique dans la stratosphère, appelé Oscillation quasi biennale. D’autres voient une explication carrément humaine: la pollution en Asie. Selon une étude des précipitations en Chine publiée en mai dernier dans la revue PNAS , l’accroissement des particules polluantes dans l’air influencerait la taille et la direction des orages, et par effet domino, affecterait les courants atmosphériques, de la Chine jusqu’à l’ouest de l’Amérique du Nord.

Reste qu’une des théories les plus souvent mentionnées est celle de la fonte accélérée de la calotte glaciaire dans l’Arctique. Le réchauffement qui en résulte est si rapide —quelques décennies à peine, soit un bref instant à l’échelle planétaire— qu’il perturberait à une échelle encore inconnue les courants aériens dans la région —et le bouleversement du vortex polaire en serait une conséquence.

Comme l’écrit le météorologue et blogueur Jeff Masters, impossible de démontrer si cette théorie tient la route. Mais si elle est juste, si les changements survenus dans l’Arctique ont déjà suffi à provoquer les changements dans la météo dont nous sommes témoins, alors ce n’est rien à côté de ce qui nous attend d’ici 2030, alors que la calotte glaciaire de l’Arctique va disparaître à un rythme accéléré...

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