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Soyez humbles. Voyez ce que voient les autres. Ce sont deux des quatre conseils pour aider quiconque à mieux se connaître — et à éviter bien des erreurs de jugement et autres dérapages.

Le magazine New Scientist faisait récemment une revue de la littérature scientifique sur une question qui nous concerne tous : qui suis-je ? Ou plus exactement : qu’est-ce que la science a récemment appris sur ce que je pense être ?

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Nous en savons davantage sur les moments et les raisons où nous nous efforçons de nous voir clairement. Ceci, du coup, suggère qu’il puisse exister [quatre] façons d’améliorer notre connaissance de soi.
1) Soyez humbles

Premier obstacle : « l’illusion de la supériorité ». C’est cette illusion d’être supérieur aux autres, dans tout ce qu’on entreprend. Si seule une minorité de gens possède une estime de soi au plafond, des recherches ont néanmoins confirmé que nous sommes prompts à surévaluer chez nous les traits que nous jugeons désirables chez les autres. C’est dans ce contexte, par exemple, que le Laboratoire de la personnalité et de l’estime de soi — oui, il existe un tel laboratoire — à l’Université de Californie a récemment publié une étude dans laquelle l’évaluation que des étudiants faisaient de leur intelligence ne présentait aucune corrélation avec leur Q.I. réel.

L’illusion de la supériorité a pourtant ses avantages. Plus une personne a confiance en elle, plus cela l’aide dans ses relations, et plus son statut social en est rehaussé, a par exemple documenté David Cunning, de l’Université Cornell. Mais il y a de gros inconvénients : des décisions irraisonnées, des conflits avec les autres, des échecs prévisibles. En plus d'une tendance à croire le premier gourou venu qui dira ce que la personne veut entendre.

Une bonne note : les gens déprimés n’ont pas cette illusion de la supériorité... de sorte qu’ils sont de meilleurs juges d’eux-mêmes, du moins sur des choses comme l’intelligence ou la réputation.

2) L’image, c’est important

Évidemment, l’image que nous projetons par notre apparence physique ou vestimentaire influence le jugement que les autres porteront sur nous, et vice-versa. Inutile de dire toutefois que ces jugements constituent de grosses généralisations. Il n’empêche que c’est par leur image que des politiciens peuvent gagner des élections : des recherches se sont même penchées sur le « pouvoir » d’un visage attirant ou « symétrique » dans une campagne électorale.

3) Voir ce que voient les autres

Comment se mettre dans la tête des autres pour se voir à travers leurs yeux ? Nous essayons souvent de le faire, mais l’erreur la plus courante, a par exemple conclu le psychologue américain John Chambers à partir d’un jeu de fléchettes, est que nous prêtons toujours aux autres plus de connaissances sur nous qu’ils n’en possèdent en réalité.

Lorsqu’on leur demandait d’évaluer comment ces étrangers jugeraient leurs habiletés aux fléchettes, ils concluaient à partir de souvenirs de performances passées dont ces étrangers ne connaissaient rien.

Les gens ont du mal à savoir comment ils sont vus par les autres, simplement parce qu’ils en savent trop sur eux-mêmes.

4) Oubliez qui vous êtes

Plus facile à dire qu’à faire ? En fait, ce dernier conseil est une référence à des études sur un talent pour lequel nous avons inévitablement une rétroaction : une langue étrangère. Si notre vis-à-vis nous montre qu’il a de la difficulté à nous comprendre, il est tout de suite clair que notre maîtrise de la langue est insuffisante. Mais dans tous les autres secteurs de la vie quotidienne, obtenir une telle rétroaction est l’exception plutôt que la norme.

Et encore, certaines rétroactions peuvent être exagérément négatives — certains travailleurs dans des milieux de travail hostiles en savent quelque chose. À qui faire confiance pour avoir une rétroaction « honnête » ? La psychologue Simine Vazire, du Laboratoire d’estime de soi déjà cité, aimerait bien connaître la réponse. Par exemple, si nous étions capables de mesurer à quel point notre personnalité influence nos jugements, cela pourrait avoir des usages jusque dans la façon dont nous utilisons l'information: ça permettrait entre autres d'éviter de se faire manipuler par des charlatans ou d’habiles campagnes de désinformation...

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