Arctique-Groenland

Zéro degré, c’est froid. Mais au Pôle Nord en février, c’est anormal. Tout comme ce qui s’est passé en Europe cette semaine était anormal. Explications en images.

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Sur l'image ci-dessus, la ligne rouge, à gauche, montre les températures moyennes des huit premières semaines de 2018, au-delà du 80e degré de latitude Nord (le Pôle Nord est au 90e degré). La courbe bleue présente les températures moyennes pour chaque semaine de l’année, de 1958 à 2002 (image: Zachary Labe, Université de Californie).

Les températures anormalement chaudes (en rouge ci-dessous) au-dessus de l’Arctique et anormalement froides (en bleu ci-dessous) au-dessus de l’Europe sont-elles liées? Probablement, ont répondu les météorologues toute la semaine en invoquant le fameux « vortex polaire ». C’est un peu comme si cette région d’air trop chaud au-dessus de l’Arctique avait poussé tout l'air froid vers le sud.

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Source: Institut des changements climatiques de l’Université du Maine, 22 février

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Conséquences de telles chaleurs: la couverture de glace de l’océan Arctique se retrouve elle aussi à un niveau anormalement bas pour ce moment de l'année. Les données du National Snow and Ice Data Center sont, à cet égard, visibles à l'oeil nu.  

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Et ça l'est encore plus sur le long terme: ci-dessous, la ligne noire montre les variations saisonnières, en millions de kilomètres carrés (il y a évidemment plus de glace en hiver qu’en été) et la ligne bleue montre la tendance générale, depuis 1979.

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Des portions de la côte de l’Alaska sont en ce moment sans glace, ainsi qu’une partie du détroit de Bering, qui sépare l’Alaska de la Sibérie: à ce dernier endroit, l’étendue de glace, qui était déjà en-dessous de la moyenne en janvier, a décliné tout au long du mois de février, un moment de l’année où la glace devrait plutôt être en train de gagner du terrain et de s'épaissir.

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source: Zachary Labe et National Snow & Ice Data Center

Une conséquence, illustrée par une vidéo distribuée sur Facebook le 20 février depuis une île de l'Alaska appelée la Petite Diomède: les tempêtes hivernales, plutôt que de se briser sur les glaces au large, atteignent plus souvent la côte.

Parallèlement, une bonne partie de l’Europe a vécu des températures « glaciales » cette semaine, depuis cette neige à Rome où il n’en était pas tombé depuis six ans, jusqu'à un record pour février de moins 42 dans le sud de la Norvège. Mais sur l'image ci-dessous, ce qui intéresse les météorologues n'est pas tant la température que l'anomalie: plus la couleur tire vers le violet, plus la température enregistrée est loin sous la normale.

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source: weatherbell analytics, 27 février

Lorsqu’il se comporte normalement, le vortex polaire emprisonne l’air froid au-dessus de l’Arctique: c’est un corridor d’air qui suit une trajectoire sinueuse autour du Pôle Nord. Mais qu’est-ce qui provoque ces débalancements? Une partie est naturelle —un phénomène plus ou moins cyclique dans la stratosphère appelé Oscillation quasi biennale— une autre partie pourrait être causée par nous: la fonte des glaces dans l’Arctique, la pollution atmosphérique? L’imbrication entre tous ces éléments contient encore bien des variables inconnues.

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Températures moyennes de l’Arctique depuis 1958 par rapport à un « point zéro » (le pointillé) qui représente la moyenne des cinq décennies.

 

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