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Dépendance des jeunes aux écrans, impact sur l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, cyberharcèlement, désinformation… Il est plus que temps de s’interroger sur les impacts des médias sociaux sur le développement du cerveau des enfants et des adolescents, prévient le plus haut responsable de la santé aux États-Unis.

Dans un rapport succinct de 19 pages publié le 23 mai, le Dr Vivek Murthy y va surtout de recommandations: ces impacts n’ont pas eu toute l’attention qu’ils méritent, considérant le temps énorme que consacrent désormais aux médias sociaux pratiquement tous les adolescents; considérant aussi les problèmes de santé mentale que des recherches récentes ont révélés dans cette tranche d’âge, particulièrement chez les filles.

« Presque tous les adolescents américains utilisent les médias sociaux et pourtant, nous n’avons pas assez de données pour conclure que c’est suffisamment sécuritaire pour eux, spécialement à une étape » de leur vie où leur cerveau est encore en plein développement. Un tiers des adolescents interrogés en 2022 par le Centre de recherche Pew disaient être sur les médias sociaux « presque tout le temps » —dont certains, aux dépens de leur sommeil.

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Ce n’est évidemment pas la première fois que quelqu’un lance une alerte quant à l’impact peut-être sous-estimé de ces nouveaux outils, depuis à peine une décennie, sur le développement des jeunes: au fil des années, on a évoqué l’hypothèse de plus hauts risques de syndromes de dépression et d’anxiété chez les plus gros utilisateurs. Mais c’est la première fois que l’alerte vient de la plus haute autorité de la santé aux États-Unis. 

Les données ne permettent pas d’établir un lien direct entre usage des médias sociaux et hausse des problèmes de santé mentale chez les jeunes. De nombreux autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte, et les trois années de pandémie ont certainement joué un rôle —quoique les chiffres révèlent que les signaux d’alarme étaient déjà là avant la pandémie.

En attendant, une des recommandations du Dr Murthy est des plus banales: passer du temps en famille « sans appareils », pour « aider à construire des liens sociaux et promouvoir la conversation ». Une autre de ses recommandations risque de très mal passer dans certaines familles: « considérez la possibilité de restreindre l’usage du téléphone pendant la nuit ».

Outre qu’il insiste sur le fait que l’adolescence est « une période sensible du développement du cerveau », il rappelle que 40% des 8 à 12 ans seraient d’ores et déjà sur les médias sociaux. Malgré leurs règles qui l’interdisent, rares sont les plateformes qui prennent les moyens nécessaires pour s’assurer que leurs nouveaux usagers ont l’âge requis.

« Au début de l’adolescence, lit-on dans le rapport, lorsque l’identité et l’estime de soi se forment, le développement du cerveau est tout spécialement vulnérable aux pressions sociales, à l’opinion des pairs et à la comparaison avec les pairs. » Or, le modèle d’affaires de ces compagnies est de garder ces usagers le plus longtemps possible et de les faire revenir le plus souvent possible.

« Nos enfants sont devenus des participants involontaires d’une expérience de plusieurs décennies. »

Plus tôt ce mois-ci, l’Association des psychologues américains avait publié pour la première fois des lignes directrices, recommandant entre autres aux parents de suivre de plus près l’usage que font leurs ados des réseaux. Le document insistait lui aussi sur le fait que l’usage ne devrait pas entrer en conflit avec le sommeil, sans aller toutefois jusqu’à dire aux parents qu’ils devraient interdire le téléphone après une certaine heure.

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