La plante qui appelle au secours
(ASP) - C'est un de
ces fascinants phénomènes de la nature.
Il existe dans la nature des plantes qui ont pour caractéristique
de répondre à une attaque d'insectes en
relâchant un signal d'alarme -une odeur- qui attire
d'autres insectes
lesquels viennent dévorer
les premiers insectes, et laissent ensuite la plante
tranquille.
Bref, ces plantes ont
leurs gardes du corps...
Mais quel est ce mystérieux
signal chimique qu'envoient les plantes? Serait-il possible
de le reproduire au bénéfice des agriculteurs
-afin de protéger les champs des insectes nuisibles?
A tout le moins, l'approche aurait une allure plus "naturelle"
que les insecticides
Mais une telle recherche
se vend mal, explique une équipe dirigée
par Consuelo De Moraes, du ministère américain
de l'Agriculture, dans la dernière édition
de la revue Nature. D'abord, parce qu'à
chaque plante -et chaque insecte nuisible- correspondrait
probablement une substance chimique bien spécifique
-ce qui revient pas mal plus cher à produire
qu'un insectide vidé sur un territoire complet.
Ensuite, parce que la méthode par essais et erreurs
peut elle aussi coûter cher: éliminer un
insecte nuisible peut simplement libérer le terrain
pour un autre. Envoyer le mauvais signal chimique et
ainsi, attirer en pure perte un insecte "sauveur" peut
lui enlever l'envie de revenir, la fois suivante.
Cela n'empêche
pas ces mêmes chercheurs d'avoir consacré
beaucoup d'efforts, ces dernières années,
à comprendre comment ce signal fonctionne. Les
botanistes savaient déjà que c'était
un composé se trouvant dans la salive de l'insecte
nuisible, plutôt que des dommages causés
à la plante, qui provoquait en réponse
le déclenchement, chez la plante, de ce signal
d'alarme. La solution, ont-ils imaginé, serait
donc de réussir à augmenter la puissance
de cette réponse, ou abaisser le seuil à
partir duquel la plante produit son signal d'alarme.
Ils ont fait des pas
vers une telle réalisation, mais ils n'en sont
pas encore là. Ce qu'ils offrent dans leur article
de Nature (résumé
seulement; nécessite un abonnement gratuit)
c'est, plus simplement, une description chimique d'une
de ces interactions plantes-insectes jusqu'ici inconnues,
entre les plants de tabac qui, la nuit, sont attaqués
par des chenilles, et les papillons de nuit.
C'est bien peu de choses,
mais le monde est vaste, les insectes, nombreux, et
notre ignorance, immense