Blazar cosmique
(ASP) - Imaginez que vous nayez
jamais vu un paon. Et dun seul coup, on vous en
présente deux: le premier, vu de profil. Le second,
vu de face, la queue entièrement déployée.
Il y a de bonnes chances pour que vous pensiez quil
sagit de deux animaux distincts.
Eh bien, les astronomes se demandent sils
nauraient pas commis la même erreur. S'ils
nauraient pas attribué trois noms différents
à un seul et même type dobjet, vu
de trois angles différents: le blazar, le quasar
et la radio-galaxie.
Dans les trois cas, résumait récemment
la revue Science, il sagit dobjets
très éloignés de nous à
des milliards dannées-lumière- ressemblant
à une galaxie tournant autour de son noyau, à
lintérieur duquel un trou noir hypermassif
consume lentement matières et gaz, dont il éjecte
une partie sous la forme de jets super-puissants. Ces
jets prennent par exemple, dans le cas des blazars,
la forme de radiations extrêmement lumineuses.
Les quasars, de leur côté, émettent
moins dénergie, et sont plus réguliers.
Or, voici quaprès 15 ans
dobservations et surtout dhypothèses
pour tenter dexpliquer les origines et le devenir
de ces "trois" objets, des observations effectuées
à laide de lObservatoire européen
à infrarouge en orbite- viennent presque
de confirmer quune
radio-galaxie nest rien de plus quun quasar
vu de profil. Peter Barthel, de lUniversité
de Groningen, Pays-Bas, qui fut lun des plus véhéments
promoteurs de cette hypothèse hardie et
gênante pour les astronomes disons-le- jubile
aujourdhui. Une autre équipe, à
lUniversité du Texas, croit de son côté
pouvoir affirmer quun blazar nest rien de
plus quun quasar dont lun des jets pointe
directement vers la Terre... Ce qui avait de quoi détourner
autant lattention quun paon qui déploie
toutes ses plumes.
Faudra-t-il écrire : le cosmos
est dans loeil de celui qui regarde?