Virus anti-martien
(ASP) - Un obstacle à un voyage
vers Mars pourrait être non pas la distance, léloignement
ou les effets de lapesanteur sur le squelette
des astronautes. Mais un banal virus. Un virus tout
à fait terrien, et généralement
inoffensif, mais qui, dans lespace, prendrait
une importance insoupçonnée.
Le fait est que les astronautes ne sont
jamais seuls : ils transportent avec eux virus
et bactéries de leur planète natale dans
certains cas, des virus et des bactéries avec
lesquels nous vivons tous, depuis notre plus tendre
enfance, sans avoir jamais eu à subir quoi que
ce soit de désagréable. Lun deux
est le virus Epstein-Barr, si peu désagréable
quil reste endormi en nous pendant la majeure
partie de notre existence. Parfois, il se réveille,
et si notre système immunitaire n'arrive pas
à le combattre efficacement -ce qui est rare-
on lui doit des syndromes de fatigue chronique, ou des
cas de mononucléose. Et son réveil peut
dépendre de quelque chose de tout aussi banal,
du moins en lapparence : le stress.
Quel rapport avec un voyage spatial ?
Eh bien, écrivent trois chercheurs de lécole
de médecine de lUniversité du Texas
et du Centre spatial Johnson de la Nasa, il semble que
le séjour en apesanteur et tout le stress qui
laccompagne psychologique, et physique,
en raison de lapesanteur à laquelle notre
corps doit soudain sadapter- entraîne ou
accélère le réveil de ce virus,
et de quelques autres. Or, puisque ce stress affaiblit
le système immunitaire des astronautes, celui-ci
ne peut plus combattre aussi efficacement ces virus,
qui peuvent alors faire beaucoup de dommages. A partir
déchantillons de sang prélevés
sur 28 occupants de la navette spatiale entre 1997 et
1999, avant, pendant et après leur séjour
dans lespace, Raymond Stowe, Alan Barrett et Duane
Pierson concluent à un affaiblissement généralisé
des systèmes immunitaires des astronautes et
à une croissance simultanée du virus Epstein-Barr.
"Lespace est un environnement
unique qui entraîne des réponses uniques"
de la part de lorganisme humain. Et nous savons
encore fort peu de choses de ces "réponses"
-mais ce que nous en découvrons petit à
petit ouvre une porte sur le gouffre de notre ignorance.
Létude est parue dans lédition
en cours de la revue Psychosomatic Medicine.