Quand l'esprit vient aux dés
(ASP) - Dieu ne joue pas aux dés,
avait dit Einstein. Mais notre cerveau, lui, oui. Continuellement,
il prend des décisions, dont certaines peuvent
faire la différence entre la vie et la mort.
Des neurologues viennent de découvrir
des groupes de neurones qui, face à un même
stimulus, vont réagir différemment d'une
fois à l'autre. Un peu comme s'ils tiraient à
pile ou face.
"Une sorte de roulette cérébrale",
a résumé Roger Carpenter, de l'Université
de Cambridge, en Angleterre, dans le cadre de la rencontre
annuelle de l'Association britannique pour l'avancement
des sciences.
Et assez étonnamment, ce coup de
dé pourrait contribuer à la survie de
l'individu. "Un gnou pourchassé par un lion a
davantage de chances de s'en tirer s'il saute au hasard
de gauche à droite", plutôt que de suivre
un parcours prévisible. Il en est de même
de plusieurs activités humaines: ainsi, le joueur
de tennis, qui a intérêt à être
aussi imprévisible que possible.
Jusqu'ici, ces variations inexpliquées
dans les réponses de notre cerveau étaient
associées à un "bruit de fond" accompagnant
les stimulus, dont les chercheurs auraient négligé
de tenir compte. Mais Carpenter et ses collègues
s'en sont tenus, dans leurs expériences, à
des stimulus ultra-simples: des jets de lumière.
C'est alors qu'ils ont pu constater que le temps que
mettaient les cellules de notre cerveau pour les enregistrer
variait au hasard, d'une fois à l'autre: entre
15 et 35 centièmes de seconde, sans qu'aucun
autre phénomène "externe" ne
puisse expliquer cette variation. Et ce, aussi bien
que les chats, les grenouilles et les méduses.
Pour complexifier encore plus la chose, chaque groupe
de cellules rebrasse au hasard, d'une façon différente
des autres groupes.