L'ordinateur vivant
(ASP) - Cest un ordinateur, mais
il y a un petit peu de nous là-dedans :
il contient de lADN et des enzymes.
LADN, pour servir de logiciel. Les
enzymes, pour servir de quincaillerie. Des chercheurs
israéliens ont construit une telle machine, ou
plus exactement un billion, 1000 milliards, de ces machines
microscopiques, capables de tenir sur une goutte deau.
Des ordinateurs à lADN, on
en a déjà vu passer dans lactualité,
depuis que l'idée a été énoncée,
en 1994. Mais celui-ci, décrit dans la dernière
édition de la revue Nature, est le premier
à pouvoir fonctionner sans quil ne soit
nécessaire davoir un humain dans les parages
pour le "redémarrer". Il
suffit davoir le bon "mélange",
et hop, cest parti.
"Si vous regardez attentivement,
une bonne partie de ce qui se passe dans nos cellules,
cest de linformatique", justifie Ehud
Shapiro, de lInstitut Weizmann à Rehovot,
Israël. Et sa comparaison nest pas innocente,
puisque le but ultime de sa création, cest
davoir un jour de tels "appareils" microscopiques,
fonctionnant avec un logiciel dADN, qui pourraient
ainsi se promener dans nos cellules, et y réparer
par exemple- des gènes défectueux.
Ou y livrer juste la dose nécessaire dun
médicament.
Ce but ultime reste toutefois attaché
à un futur indéterminé. Linvention
dont il est fait état ici a accompli une tâche
épouvantablement simple, à côté
de ce à quoi ressemblerait une "livraison
spéciale" au coeur de nos cellules.
En attendant, un ordinateur à ADN
pourrait-il remplacer nos ordinateurs classiques? Ce
nest pas lavis du bioinformaticien Martyn
Amos, de lUniversité de Liverpool (Grande-Bretagne):
interrogé par Nature, il déclare
que "linformatique par ADN doit établir
sa propre niche, et je ne crois pas que celle-ci soit
dans une compétition avec les appareils traditionnels
à silicium". Les
ordinateurs biologiques seraient plus à leur
place dans des problèmes biologiques, tels
que ceux évoqués plus haut.
Fort bien. Mais concrètement, comment
ça marche ? Comme pour les précédentes
expériences dordinateurs à ADN,
Ehud Shapiro et ses collègues ont utilisé
les quatre " lettres " de lalphabet
de lADN (A, G, T, C) de la même façon
que les autres ordinateurs utilisent leur propre alphabet
qui, lui, nest composé que de zéros
et de uns. Au lieu davoir des circuits électroniques
qui souvrent (le zéro) et se ferment (le
un) pour effectuer le travail, ce sont des enzymes qui
carburent, en coupant les séquences dADN
lorsquapparaît par exemple une séquence
spécifique de ces quatre lettres.
Il semblerait que ça fonctionne,
mais bien malin qui pourrait dire comment ça
pourrait se transformer en calculatrice de poche...