Le prochain record mondial sera un coup de chance

(ASP) - Les sportifs auraient-ils atteint un plateau? C’est ce que les "experts" répètent depuis au moins un siècle, ce qui n’empêche pas les records d’être battus les uns après les autres. Et s’ils avaient raison, cette fois ?

Pour le mathématicien Daniel Gembris, du Centre de recherche Jülich, en Allemagne, les futurs records seront brisés grâce à la chance: une série de circonstances favorables ce matin-là, qui accordera une fraction de seconde de plus à un athlète, mais rien de plus. En fait, les deux tiers des records récents ont sans doute été le fruits de tels coups de chance. "Les athlètes ne deviennent pas véritablement meilleurs, les records sont brisés pour des raisons statistiques", explique-t-il.

En d’autres termes: si le record du marathon est de 2 heures 5 minutes et 38 secondes, et que les athlètes de pointe courent tous le marathon en moins de deux heures et demi, il y en aura fatalement un qui, statistiquement, abaissera le record de quelques secondes.

Le chercheur a analysé, avec son équipe, les meilleurs résultats des compétitions de course à pied (200 mètres, 1500 mètres et marathon), entre 1980 et 1989, et a prédit à partir de là les résultats futurs, sur la base de "variations au hasard" causées par des facteurs incontrôlables tels que le vent, le climat ou l’altitude. Ses "prévisions", qui sont publiées dans la revue Nature, collent étonnamment bien aux résultats réels de la période 1990-1999.

Les athlètes et leurs entraîneurs n’aiment pas. "Décrocher un record par pure chance" est encore moins possible qu’autrefois, objecte, insulté, Ivan Khodabakhsh, de l’Association athlétique européenne. Même lui par contre, admet, dans un reportage du service d’information de la revue Nature, que dans certains sports reposant sur une technique, comme le saut en longueur ou le saut en hauteur, les athlètes ont atteint une "limite physique".