Pas de limites à l'espérance de vie
(ASP) - L'espérance de vie approche-t-elle
d'une limite? La logique dicte que oui: à la
manière d'une machine, le nombre de réparations
qu'on peut faire subir à notre corps n'est pas
infini. Mais tous les faits tendent dans le sens contraire.
Les statistiques surprennent les experts
eux-mêmes, rappellent l'historien des populations
Jim Oeppen et le démographe James W. Vaupel,
dans une revue de la situation publiée par la
revue
Science (la lecture du résumé
nécessite une inscription gratuite): par
exemple, depuis 160 ans, l'espérance de vie des
femmes dans le pays détenteur du record a progressé
à un rythme tout à fait régulier
de trois mois par année. Ainsi, leur espérance
de vie, qui était de 45 ans en 1840 dans le chef
de file de l'époque -la Suède- est aujourd'hui
de 85 ans chez le nouveau meneur -le Japon. Cette progression
est absolument régulière -"remarquablement
linéaire"- de sorte que rien ne permet d'affirmer
qu'elle approche d'un plateau.
Avant 1950, le gros des gains dans ce
domaine était lié à une forte réduction
des décès en bas âge -autrement
dit, plus vous êtes nombreux à mourir jeunes,
plus vous faites baisser la moyenne de l'espérance
de vie. Dans la deuxième moitié du XXe
siècle, c'est l'amélioration du taux de
survie des gens de plus de 65 ans qui a pris la relève,
faisant à son tour augmenter la moyenne.
A mesure que cette espérance de
vie augmentait, biologistes et physiologistes imaginaient
des barrières qui se dresseraient inévitablement
face à la résistance de cette "machine".
Mais chaque fois, les limites qu'ils avaient eux-mêmes
fixées, continuaient de reculer. Ainsi, en 1928,
un nommé Louis Dublin évaluait ce qu'il
qualifiait de "consensus" de la communauté scientifique
à 64,7 ans: telle était la limite au-delà
de laquelle la machine ne tiendrait plus le coup. A
l'époque, l'espérance de vie aux Etats-Unis
était de 57 ans.
Ces erreurs scientifiques peuvent faire
sourire, mais elles n'ont pas été sans
conséquence: c'est en se basant sur de telles
prévisions en effet que, depuis des générations,
économistes et politiciens calculent les niveaux
des futures rentes de vieillesse, budgets
pour la santé et autres services sociaux.
Sans parler de l'âge de la retraite, fixé
un jour, pas si arbitrairement que ça, à
65 ans. Il serait plus que temps de réviser tout
cela...