Arsène Lupin, version Harvard
(ASP) - Ca joue dur dans les universités.
Deux anciens chercheurs au post-doctorat de lUniversité
Harvard font face à la possibilité de
25 ans de prison et 750 000$ damende. Ils ont
été arrêtés en juin, accusés
davoir comploté en vue de voler des secrets
industriels appartenant à luniversité,
et davoir transporté dans un autre État
américain des "propriétés
de luniversité".
Les deux accusés, Jiang Yu Zhu,
un citoyen chinois, et sa femme, une Américaine
dorigine japonaise, Kayoko Kimbara, ont été
arrêtés et emprisonnés en Californie,
en attendant leur "extradition" au Massachusetts,
siège de lUniversité Harvard.
Cette histoire rocambolesque pourrait
être liée à la paranoïa qui
imprègne une bonne partie de la vie américaine
depuis les attentats du 11 septembre. Cest du
moins ce que croient plusieurs chercheurs, qui ont apporté
leur appui aux deux accusés, et accusent à
leur tour le gouvernement et le FBI de réagir
de façon inconsidérée.
Dun autre côté, les
vols de propriétés intellectuelles dans
les laboratoires universitaires se sont véritablement
multipliés ces dernières années,
et cette arrestation pourrait être le signe que
les services de renseignement américains se sont
mis à lordre du jour. A lheure où
la recherche scientifique devient de plus en plus commerciale,
des données dexpériences prometteuses
peuvent valoir à un laboratoire concurrent, sil
parvient à mettre la main dessus, gloire et fortune.
Le présumé vol dont il est
question ici reste nébuleux, mais tourne autour
dexpériences menées par le couple,
à linsu de leur patron, le biologiste cellulaire
Frank McKeon, de lEcole de médecine de
Harvard. Les recherches du couple tournaient autour
de gènes et de protéines susceptibles
dempêcher les rejets dorganes lors
de transplantations. Kimbara aurait, à la fin
de 1999, identifié deux de ces gènes donc,
un potentiel commercial important- et aurait alors signé
avec Harvard un contrat cédant à luniversité
tous les droits sur toute invention ou découverte
faite à luniversité.
Possible, mais la façon dont le
FBI a rédigé la plainte le 17 juin montre
de sa part une incompréhension de la façon
dont fonctionne la science, protestent dautres
scientifiques, interrogés par la revue américaine
Science. Quun chercheur au post-doctorat
poursuive ses propres recherches, la nuit de surcroît,
na rien dinsolite; quil apporte du
matériel avec lui lorsquil change demploi
na rien de rare non plus.
La date du procès devrait être
connue plus tard cet été.