Le décollage de l'ascenseur spatial
(ASP) - Prendre un ascenseur jusquà
la station spatiale internationale? Ce nest pas
une idée aussi folle quelle en a lair.
Le concept dascenseur spatial circule dans les
milieux scientifiques depuis pas moins dune quarantaine
dannées. Or, plus le temps passe et plus
les progrès de la technologie permettent dimaginer
le type de matériau qui viendrait à bout
dune pareille construction.
Un
congrès de deux jours a même eu lieu à
Seattle, plus tôt ce mois-ci, afin de discuter
différents scénarios, sous légide
de la Nasa, qui y croit suffisamment pour y avoir consacré
une subvention de 570 000$.
"La technologie est en train de rattraper
la science-fiction", a expliqué aux journalistes
Brad Edwards, de la firme High Lift Systems, de Seattle,
qui co-organisait cette rencontre.
Et de quoi y parlait-on ? Dabord,
du fait que la cabine de lascenseur grimperait
le long dun câble plutôt quà
l'intérieur d'un long tuyau: ce qui constitue
un détail important pour le poids total de cette
construction, car le "dernier étage"
ne serait pas là où est actuellement la
station spatiale, cest-à-dire à
seulement quelques centaines de kilomètres daltitude,
mais à 35 000 kilomètres daltitude!
Pourquoi cette altitude? Parce que cest
celle qui permet une orbite stable: un objet y tourne
au même rythme que la Terre, ce qui signifie quil
reste constamment au-dessus du même point. Ce
qui, on en conviendra, serait pour le moins important,
avec le dernier étage dun ascenseur...
Un tel monument coûterait 10 milliards$,
a estimé le Dr Edwards. Pas tout de suite: il
faudra peut-être une cinquantaine dannées
avant que les nanotechnologies aient suffisamment progressé
pour garantir la fabrication dun câble à
la fois souple (pour résister aux ouragans et
autres joyeusetés météorologiques)
et dune résistance à toute épreuve.
Mais quiconque construirait le premier aurait dès
lors un avantage décisif sur les autres.
Parce quil y en aurait dautres:
faire monter là-haut des passagers ou des marchandises
coûterait beaucoup moins cher avec un ascenseur
quavec une fusée ou une navette spatiale.
Et sil y a des économies possibles, voire
la possibilité dobtenir un monopole sur
le transport commercial dans lespace, il y aura
des investisseurs... Cest précisément
la raison pour laquelle des ingénieurs ont commencé
à imaginer un tel concept il y a des décennies.
Concept que lauteur de science-fiction Arthur
C. Clarke a brillamment résumé dans un
roman, Les Fontaines du paradis (1979).