Trop de secrets autour des gènes
(ASP) - Vingt éminents scientifiques
spécialistes du génome ont protesté
auprès de la prestigieuse revue internationale
Science, parce quelle continue de permettre
aux scientifiques dont elle publie les recherches de
garder secrètes leurs données sur les
gènes.
Ces 20 scientifiques font partie du courant
qui réclame que toutes les données génétiques
soient immédiatement rendues accessibles à
tous, par lintermédiaire de la banque de
données internationale GenBank. Ce courant, et
lautre, qui réclame plutôt un accès
restreint aux données, afin que ceux qui ont
lourdement investi dans ces recherches aient du temps
pour tenter de les rentabiliser, a été
illustré lan dernier par la course à
obstacles qui a conduit à la publication de deux
cartes du génome humain: une publique, lautre
privée. Depuis, le débat na jamais
cessé, dans les pages des lecteurs des revues
spécialisées ou sur Internet.
Dans le cas présent, les 20 généticiens
protestent en raison de rumeurs selon lesquelles Science
autoriserait la publication des résultats finaux
sur le décodage des génomes du riz et
de la souris, mais sans exiger comme cest
lusage en pareil cas, quel que soit le sujet de
la recherche- des auteurs quils ne rendent publiques
lensemble de leurs données.
De fait, plusieurs sources ont confirmé
à la revue britannique Nature que son
homologue américain, Science, prévoit
bientôt publier le brouillon de la carte du génome
du riz, signé par une équipe de la compagnie
de biotechnologie suisse Syngenta. Les données
ne seraient accessibles que par lintermédiaire
du site web de Syngenta, mais laccès sera
gratuit pour les chercheurs, assure Syngenta... moyennant
"certaines restrictions". La même chose
sétait produite autour du brouillon du
génome humain lan dernier: alors que la
version, financée par les gouvernements (le projet
Hugo, ou Projet génome humain) publiée
dans Nature était pleinement accessible,
celle de la compagnie américaine Celera, publiée
Science, ne létait que moyennant
certaines restrictions, ce qui avait alimenté
la colère dans les milieux spécialisés.