La mort plutôt que les OGM
(Agence Science-Presse) - Le président
du Zimbabwe, Robert Mugabe, qui n'en est pas à
une controverse près, s'est mêlé
lui aussi au débat sur les organismes génétiquement
modifiés (OGM) en refusant l'entrée dans
son pays d'aliments contenant des OGM, pendant que six
millions de ses citoyens sont frappés par la
famine.
Des milliers de tonnes de maïs livrés
par les Etats-Unis sont ainsi bloqués depuis
des semaines, alors qu'ils auraient déjà
pu commencer à être distribués,
dès la mi-août.
Les mauvaises langues prétendent
que le président Mugabe nie la nécessité
d'une aide d'urgence à ces régions parce
qu'il s'agit de régions dominées par les
mouvements d'opposition. Mais il n'est pas le seul à
soulever des doutes: le Mozambique et la Zambie ont
eux aussi longuement hésité à accepter
le maïs transgénique offert par les Etats-Unis,
avant de finalement le laisser entrer plus tôt
ce mois-ci.
Les craintes que suscitent les OGM sur
la santé humaine constituent-elles une raison
valable pour ces hésitations? Les vendeurs dOGM
répliquent que ce maïs transgénique
est en vente libre en Amérique du Nord depuis
des années, et qu'il a été précédé
par des années de recherches sur des animaux
-recherches qui se poursuivent encore- sans que n'ait
pu être signalé le moindre problème
de santé. Qui plus est, l'autre crainte, celle
que ce maïs, en se disséminant, ne contamine
les champs voisins, n'est pas fondée, puisque
l'essentiel de l'aide alimentaire est sous la forme
de farine, et non de grains.
Mais Mugabe pourrait bien être l'épine
dans le pied des gouvernements africains, au cours du
Sommet de la Terre qui a lieu cette semaine, puisque
les critiques des écologistes à son sujet
ne s'arrêtent pas là. Selon les plus pessimistes,
60% de la faune des fermes de chasse de ce pays aurait
été abattue, dont des espèces menacées.
Qui plus est, certains craignent que le président
zimbabwéen ne profite de la tribune que lui offrira
ce Sommet de 100 chefs d'Etat pour défendre sa
politique d'éviction des fermiers blancs et de
redistribution de leurs terres aux fermiers noirs.
La redistribution en soi n'est pas contestée
par tous, dans un pays où, jusque-là,
moins de 5000 fermiers blancs détenaient les
deux tiers des terres cultivables. Mais son caractère
ouvertement raciste fait grincer les dents, particulièrement
en Afrique du Sud, qui peine à sortir harmonieusement
de sa période d'apartheid...