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semaines des 14 et 21 juin 2004



Le chien aux 200 mots

Le meilleur ami de l'homme n'est pas seulement intelligent: il peut désormais nous en apprendre un peu plus sur les origines de notre propre langage.

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Il y a en effet la prouesse qu'ont salué les médias en fin de semaine: ce chien qui maîtriserait jusqu'à 200 mots, et qui pourrait faire des associations d'idées étonnantes –pour un chien. Et il y a, derrière tout cela, l'énigme du langage: on a toujours présumé que la capacité du bébé à apprendre de nouveaux mots était le résultat de connections de neurones dont lui seul dispose. Rico, un colley de 9 ans, vient de démontrer le contraire.

Rico connaît tout d'abord, par leur nom, tous ses jouets, et il en a plus d'une centaine. Ce qui, déjà, est assez impressionnant. Qu'on lui demande d'en apporter un et il le fait sans se tromper dans 90% des cas.

Mais mieux encore, à la grande surprise des scientifiques, Rico se révèle capable de faire des associations d'idées: face à sept jouets dont un qui lui est inconnu, si on lui lance un nom inconnu, il ira chercher, sept fois sur dix, l'objet inconnu. Et il se rappellera du nom de cet objet un mois plus tard.

Exemple d'association d'idée: je ne connais pas ce nom, je ne connais pas cet objet, peut-être les deux vont-ils ensemble. C'est là une étape cruciale dans le développement du langage, qu'un humain n'atteint pas avant l'âge de trois ans.

Même chez les chimpanzés, de nombreuses études sur le langage n'ont pas permis d'observer une telle association d'idées.

Pour Julia Fischer, de l'Institut Max-Planck d'anthropologie de l'évolution à Leipzig, c'est ainsi que le langage a dû émerger, il y a des centaines de milliers d'années: nos ancêtres humains ont dû, petit à petit, nommer les objets qui les entouraient, au fur et à mesure de l'évolution de leurs besoins. C'est également ainsi qu'un enfant apprend à parler, en mémorisant ce que les adultes lui disent (10 mots par jour à partir de l'âge de deux ans, disent les psychologues), puis en faisant peu à peu des associations d'idées. Que le chien en soit lui aussi capable, même à un niveau embryonnaire, signifie qu'il s'est engagé lui aussi sur la voie du langage, à notre insu, depuis sa domestication il y a 15 000 ans.

L'étude est devenue la vedette de la dernière édition de la revue américaine Science.

Avec toutes les nuances qui s'imposent, bien sûr. Rico apprend un mot uniquement si on lui désigne un objet, alors que l'enfant peut apprendre en écoutant les adultes. L'enfant peut associer un nom à des gens, des actions, des relations entre deux objets; Rico n'associe un nom qu'à un objet qu'il peut transporter dans sa gueule. Et les sceptiques (voir illustration) vont même plus loin: lorsqu'on dit "chaussette" (sock), Rico pense-t-il à l'objet, ou à l'action de transporter l'objet?

A l'inverse, les mauvaises langues diront qu'avec un vocabulaire de 200 mots, Rico dépasse déjà certaines vedettes du sport, des arts ou de la politique...

L'intellect de Rico est-il propre à tous les chiens, ou le résultat de croisements particulièrement réussis chez le colley allemand? Chose certaine, ses talents ont été moussés par de bons propriétaires: blessé à une patte à l'âge de 10 mois, ceux-ci lui ont fait faire de l'exercice en lui apprenant à aller chercher des jouets. De plus en plus de jouets... Il a été repéré par les chercheurs de l'Institut Max-Planck lors d'une apparition à la télévision allemande, qui ont dès lors, avec l'aide des propriétaires, procédé à des expériences dans un environnement contrôlé (voir la description plus bas).

Peut-il apprendre un nouveau mot si on l'associe à un objet qu'il ne peut pas transporter? Peut-il apprendre à ne pas transporter un objet, donc associer un nom à l'action de ne pas y toucher? Ce ne sont que quelques-unes des questions auxquels les psychologues s'attacheront à répondre dans les prochaines années.

Illustration: Science

Pascal Lapointe

Extrait de l'étude parue dans Science

The study animal, Rico, is a border collie and was born in December 1994. He lives as a pet with his owners and was reported by them to know the labels of over 200 items, mostly children's toys and balls, which he correctly retrieved upon request. Rico was first introduced to fetching items when he was 10 months of age, when his owners placed three different items in different locations around the flat and asked the dog for one of these items. Rico was rewarded with food or play if he fetched the correct object. He was gradually familiarized with an increasing number of items.

(...)

The first experiment was therefore designed to assess Rico's ability to correctly retrieve his various items under controlled conditions. We randomly assigned the 200 items he was reportedly familiar with to 20 sets of 10 different items each. While the owner waited with the dog in a separate room, the experimenter arranged a set of items in the experimental room and then joined the owner and the dog. Next, the experimenter instructed the owner to request the dog to bring two randomly chosen items (one after the other) from the adjacent room. While Rico searched for the requested item, he could not see the owner or the experimenter. He retrieved a total of 37 out of 40 items correctly (binomial test, P < 0.001). This experiment showed that Rico indeed knew the labels of these items. One may raise the objection that the words may in fact constitute one-word propositions, such as "fetch-the-sock." However, anecdotal evidence suggests that he indeed understands that the words refer to the objects. For instance, he can be instructed to put an item into a box or to bring it to a certain person. More systematic testing will be needed to specify his understanding of entire phrases. In any case, the number of labeled objects is substantially larger than those reported in previous studies with dogs, where subjects were tested with only three to five objects. Rico's "vocabulary size" is comparable to that of language-trained apes, dolphins, sea lions, and parrots.

To assess Rico's ability to fast map, we placed a novel item together with seven familiar items in an adjacent room (total n = 8 items requested in 8 trials). In this so-called identification task, we conducted a total of 10 sessions in which we introduced 10 novel items. In the first trial of a session, the owner always asked Rico to bring a familiar item, and in the second or third trial asked him to bring an item using the novel name. After the completion of a session, Rico was allowed to take a break before another session commenced. Rico retrieved the novel item from the first session on and was overall correct in 7 out of 10 sessions (binomial test, P < 0.001). Apparently, he was able to link the novel word to the novel item based on exclusion learning, either because he knew that the familiar items already had names or because they were not novel. Four weeks after the initial and sole exposure, we assessed Rico's retention of the relation between the novel word and the novel item. In this retention task, we only used those objects that Rico had successfully retrieved in the identification task. In between the identification and the retention task, he had no access to the target items. We placed a target item together with four completely novel and four familiar items in a room (total n = 9 items) and asked him first to bring a familiar item and subsequently (in the second or third trial) to bring the target item. Four weeks after the identification task, he correctly retrieved the target item in 3 out of 6 sessions (P < 0.1). This retrieval rate is comparable to the performance of 3-year-old toddlers.

(Science, 10 juin 2004)

 

 

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