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semaine du 26 avril 2004



Sans père et sans reproche

Hommes de tous les pays, vous êtes peut-être sur le point de disparaître du portrait: si des expériences réussies chez des souris se révèlent applicables aux humains, votre dernier bastion, le spermatozoïde, ne sera plus qu'un souvenir.

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Les médias ont rapporté la semaine dernière que des scientifiques japonais sont parvenus à faire naître 10 souris en combinant simplement les gènes de deux mères, donc sans avoir à faire intervenir un père. La nouvelle est passée rapidement sur les fils de presse et puis, on a tourné la page. Et pourtant, c'est une percée majeure, sur laquelle ont travaillé trois générations de biologistes depuis un siècle.

Le célèbre vulgarisateur et biologiste français Jean Rostand avait été parmi les premiers à réussir le coup sur des grenouilles, il y a plus de 50 ans. Mais en dépit d'innombrables tentatives, les mammifères, eux, ont déjoué toutes les tentatives des chercheurs. Jusqu'à maintenant.

On appelle ça, en langage savant, la parthénogénèse: la reproduction sans fécondation (donc, sans mâle) chez des espèces qui sont pourtant sexuées. Les abeilles et les pucerons le font tout naturellement. Alors pourquoi pas nous?

L'équipe de l'Université de l'agriculture à Tokyo, y est arrivée en faisant, à la base, la même chose que tous ses prédécesseurs qui avaient échoué au fil des décennies: en combinant le noyau de l'ovule d'une femelle avec le noyau d'une autre: autrement dit, en combinant les deux codes génétiques. Mais si ces chercheurs ont pu franchir un pas de plus que leurs prédécesseurs, c'est grâce aux connaissances et aux techniques acquises récemment en manipulation génétique: sachant que le spermatozoïde et l'ovule contiennent grosso modo les mêmes gènes, mais que certains sont actifs dans l'un et silencieux dans l'autre, ils ont réactivé, dans l'un des deux ovules, une partie des gènes silencieux. En quelque sorte, ils ont fait croire au premier ovule que le second était le spermatozoïde.

Le tout n'a toutefois pas été sans peine: parmi quelque 600 tentatives, ils sont parvenus à produire 460 embryons, parmi lesquels sont nés seulement... 10 bébés. Et une seule a survécu jusqu'à l'âge adulte. Elle a aujourd'hui 14 mois, elle se nomme Kaguya, du nom d'une héroïne japonaise, princesse de la lune née dans un bambou. Et Kaguya, la souris, est devenue mère à son tour –par les voies normales.

Kaguya est donc à la parthénogénèse ce que Dolly est au clonage: la première-née. Celle que l'on citera longtemps en exemple. Et celle dont on ne comprend même pas pourquoi elle a survécu.

Ce qui donne aux pères un répit: en effet, nulle part dans l'article des chercheurs, publié dans Nature, ne trouve-t-on une tentative d'explication; nulle part les chercheurs ne peuvent-ils dire en quoi les 10 embryons qui se sont rendus jusqu'à la naissance étaient-ils différents des 450 autres. Bien des zones d'ombres subsistent, qui n'auront pas de trop de plusieurs années pour être éclaircies.

Au passage, explique Tomohiro Kono, chercheur principal (dont les tentatives de parthénogénèse sur des souris remontent au début des années 90), l'étude confirme une vieille hypothèse de la biologie: c'est bel et bien "l'empreinte" mâle ou femelle sur un bagage génétique (le fait que certains gènes soient actifs uniquement dans l'ovule et d'autres, uniquement dans le spermatozoïde) qui bloque, dans la nature, la parthénogénèse. C'est donc vers ce processus (chimique?) d'empreinte, qui touche un gros million de paires de base, que les chercheurs se tournent désormais: que se passe-t-il au plus profond de la cellule au moment où démarre ce processus? Peut-on s'en servir pour créer des lignées de cellules-souches qui seraient utiles, en médecine, tantôt à des hommes, tantôt à des femmes?

Pour Tomohiro Kono, quoi qu'en disent les critiques effarés par cette disparition appréhendée du père, la prochaine cible d'une parthénogénèse est déjà choisie: le porc. Et ensuite...

 

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