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semaine du 17 janvier 2005



Titan: une orange et une crème brûlée

Les spécialistes des planètes ont passé la fin de semaine au 7e ciel, tandis que tombaient les images et des sons provenant d'un monde situé à un milliard et demi de kilomètres.

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Et ça ne fait que commencer: la quantité d'informations ramassées par la sonde Huygens pendant quatre petites heures est énorme. Température ambiante, vitesse des vents, densité de l'air, analyse du sol, analyse de l'air –y compris la "récolte" d'un brin d'air, au moyen d'un bras articulé, puis son chauffement à 600 degrés Celsius, à la recherche de molécules organiques.

Pour l'instant, les données confirment les prévisions sur l'atmosphère de Titan -la seule lune connue à posséder une atmosphère. Mais en fin de semaine, la question la plus lancinante que se posaient les scientifiques, alors qu'entraient les photos en noir et blanc, était bien loin des arcanes de la science. Lors du "coloriage" à l'ordinateur, quelle teinte d'orange correspond exactement à ce que Huygens a vu?


Les couleurs de Titan

Au fil de sa descente au bout d'un parachute, la sonde européenne a traversé une purée de pois, tirant entre le jaune et l'orange, riche en poussières. Elle a eu le temps de prendre 350 photographies, dont certaines tout près du sol: on n'en a vu que quelques-unes jusqu'ici. Certaines ont été perdues en raison d'une erreur humaine qui n'a entraîné l'ouverture que d'un seul des deux canaux de Cassini, la sonde qui avait largué Huygens trois semaines plus tôt.


L'air de Titan

Une purée de pois riche en poussières. Mais aussi en méthane. L'atmosphère de Titan est composée à 6% de méthane, ce qu'on savait déjà. Et une des photos révèle, au-dessus du sol, un épais banc de brouillard de méthane.

Ce qui ramène la question-clef: d'où provient-il, ce méthane? Car pour que le méthane soit aussi abondant dans l'air, il faut qu'il soit produit quelque part dans le sol, sans quoi il se serait depuis longtemps éparpillé. Il faudra attendre quelques semaines –le temps, entre autres, d'avoir les réponses à ce chauffage à 600 degrés Celsius. Source volcanique? Ou source organique? S'il y a des molécules organiques là-bas –c'est-à-dire non pas de la vie, mais les "briques" qui précèdent la vie– peut-être cette analyse les aura-t-elle détectées.


Les vents de Titan

En haute altitude, Huygens a été secouée par des vents de près de 500 kilomètres à l'heure, a estimé Jean-Pierre Lebreton, directeur de la mission. Ou 130 mètres par seconde, ce qui est trois à quatre fois plus que les vents moyens mesurés sur Terre en haute altitude.

Il y avait un microphone à bord: il a enregistré ces vents, et l'Agence spatiale européenne a déjà fait entendre une partie de l'enregistrement: il s'agit des premiers sons qu'on ait jamais reçus d'un autre monde.


La surface de Titan

Arrivée au sol, Huygens a disposé d'un peu plus d'une heure, tant que Cassini était encore au-dessus de l'horizon, pour lui transmettre ses informations. Elle a d'abord survécu à l'atterrissage, ce qui est déjà beaucoup (les ingénieurs les plus pessimistes parlaient d'une survie de 3 minutes): une des craintes était qu'elle ne s'enfoncent dans un marais d'hydrocarbures (le méthane est un hydrocarbure). Et si le profane ne voit sur les premières photos qu'une surface rocailleuse, le géologue, lui, voit une planète vivante: autrement dit, une surface qui a été perturbée par une activité sismique ou volcanique. Ainsi que des cailloux qui semblent avoir été érodés, mais par quoi?

De là-haut, Huygens a vu plus encore: des serpentins qui pourraient être des lits de rivières, des lacs, des îles, des côtes... Il n'y a certainement pas d'eau sur cette lune –la température avoisine les moins 180 degrés Celsius– mais est-ce que les hydrocarbures seraient assez abondants pour avoir laissé toutes ces traces? Si oui, il faut une activité sismique ou volcanique violente pour les éjecter régulièrement de l'intérieur de Titan jusqu'à la surface.

Un planétologue avance aussi comme hypothèse l'effet de marée: l'énorme masse de Saturne, en tirant et en poussant sur Titan, pourrait en théorie engendrer des mouvements de plaques tectoniques et créer ainsi de multiples crevasses que notre oeil de Terrien associe à des "rivières". Mais encore faut-il qu'il y ait des plaques tectoniques; car cela supposerait aussi la présence, loin sous la surface, d'une activité intense (le magma), comme sur Terre.


Solide ou liquide?

Pendant une fraction de seconde, Huygens a récolté une information qui va probablement, à elle seule, occuper une armée d'étudiants imaginatifs. Au moment de l'atterrissage, un instrument de métal a pénétré le sol d'environ 15 centimètres. Pendant cette fraction de seconde, les instruments ont noté que le bras s'enfonçait rapidement, comme on pouvait s'y attendre sous la force de l'impact, puis ralentissait comme s'il atteignait une couche moins solide.

Une surface dure au-dessus d'une couche molle: comme de la crème brûlée, a avancé le Britannique John Zarnecki, responsable des instruments scientifiques. Là aussi, une présence liquide, il n'y a pas si longtemps, pourrait être responsable de ce "sable humide" au-dessus duquel s'est, depuis, formé une croûte. Un lac d'hydrocarbures, présent pendant une longue période et jusqu'à assez récemment, aurait pu éroder le sol de cette façon.


Le futur de Titan

"On ne dort pas assez", ironise pour Libération Athéna Coustenis, planétologue à l'Observatoire de Paris-Meudon, et actuellement à temps plus-que-plein au centre de contrôle de l'Agence spatiale européenne, à Darmstadt (Allemagne). Il faut dire que si Cassini-Huygens est en route depuis sept ans, pour certains scientifiques, c'est une attente de 20 ans qui vient de prendre fin. Ca vaut bien quelques nuits blanches...

Les données recueillies en ont pour des semaines encore à être démêlées et reconstituées. Et il y a Cassini qui fera sa part, lui qui doit survoler Titan à 44 reprises au cours des trois prochaines années...

 

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