Du 2 au 5 février 1999,
quelque 800 personnes provenant d'une vingtaine de pays
se sont réunies à Québec pour le premier
Sommet mondial de la nordicité.
L'Agence Science-Presse vous en offre
un compte-rendu au jour le jour.
Passe-moi le sel
L'effet corrosif sur le béton ou les végétaux des
sels que l'on utilise pour déglacer les routes n'est un secret pour
personne. En Suède, des chercheurs essaient donc de concocter des
"mélanges à déglacer" plus respectueux de
l'environnement, tandis que le Canada tente d'évaluer l'impact réel
de ces sels sur le monde qui nous entoure.
Dans le cadre d'une présentation au Sommet mondial de la nordicité,
Anita Ihs, de l'Institut de recherche en routes et transports à Stockholm,
a ainsi expliqué que les scientifiques cherchent des alternatives
à l'utilisation de chlorure de sodium -le bon vieux sel. Ce produit,
couramment étendu sur les routes pour faire fondre la glace, présente
l'inconvénient de polluer les nappes phréatiques, au point
d'empêcher la consommation d'eau potable dans certaines régions.
Les chercheurs ont donc étudié l'impact sur l'environnement
d'autres substances, comme l'acétate de magnésium de calcium
(CMA). Étant donné son coût très élevé,
ils suggèrent de l'utiliser mêlé au sel "classique".
L'épandage de sable chaud ou mouillé, qui pénètre
mieux la glace fine, ou de pierre concassée en zone urbaine, sont
également envisagés.
Au Canada, une vaste étude entreprise par des experts en environnement,
des industriels ou des spécialistes de la santé sous la houlette
du Ministère de l'environnement, tente pour sa part d'évaluer
les impacts environnementaux de l'épandage annuel de trois millions
de tonnes de sel sur les chaussées. Cet épandage provoque
parfois l'empoisonnement d'oiseaux, la mort de chevreuils attirés
par le sel sur la route, en plus d'avoir des effets pervers sur les eaux
souterraines, la flore et la faune des lacs.
Un rapport d'évaluation publié en mars 2000 devrait donc
donner des réponses claires à ceux qui se demandent s'il faut
considérer les différents sels de déglaçage
comme toxiques ou non. Des recommandations sur l'utilisation de ces produits
suivront, ainsi qu'une réflexion sur les alternatives. Les
données préliminaires sont d'ores et déjà
disponibles.
Pascale Guéricolas
(5 février 1999)
Eclairage urbain
"Une forte dose de lumière peut agir comme une tasse de café
et pourrait même remplacer le prozac. Nous devons considérer
l'effet physiologique et psychologique de la lumière lors de la conception
de nos villes, surtout au nord, où les journées sont plus
courtes", avance Naomi Miller, designer-éclairagiste du Lighting
Research Center, à New York.
Lors d'une conférence donnée au Sommet mondial de la nordicité,
la chercheure a rappelé que plusieurs populations nordiques sont
aux prises avec des problèmes de santé reliés à
la lumière. "Les dépressions saisonnières sont
fortement associées aux latitudes", dit-elle.
Il faut dire que la lumière contrôle nos rythmes circadiens
et la sécrétion d'hormones. "C'est elle qui nous indique
quand se lever, manger, dormir."
Plusieurs travaux montrent qu'une forte dose de lumière peut replacer
l'horloge biologique après un décalage horaire, aider les
personnes âgées à mieux dormir, traiter les désordres
affectifs saisonniers, augmenter la vigilance des travailleurs nocturnes
et régulariser les activités des patients souffrant de la
maladie d'Alzheimer. "Éventuellement, on devrait penser à
installer des chambres de thérapie par la lumière dans les
maisons, les hôtels, les foyers pour personnes âgées
et les usines", plaide Naomi Miller.
En attendant, la designer croit qu'il faille considérer davantage
la lumière du jour en architecture, ce qui pourrait permettre de
diminuer les taux d'absentéisme au travail.
La lumière électrique peut aussi affecter les attitudes
et la perception, de même que le confort visuel. "Un bon design
d'éclairage peut changer la perception de l'espace, agrandir ou rapetisser
une pièce, la rendre plus chaleureuse ou publique." La nuit
enfin, le sentiment de sécurité dans les rues est aussi relié
à la lumière. Selon la designer, nous pouvons réduire
dramatiquement l'incidence de la criminalité, par un meilleur éclairage
urbain.
Caroline Julien
(5 février 1999)
Une nouvelle approche en foresterie
Alors que le bois devient de plus en plus rare, comment assurer un développement
forestier vraiment durable? Une nouvelle approche d'aménagement est
en train de se tailler une place importante au Québec: l'approche
écosystémique. C'est du moins ce qui se dégage de l'atelier
de discussion sur l'avenir de la forêt boréale, qui s'est déroulé
lors du Sommet mondial de la nordicité.
"L'approche écosystémique consiste à s'inspirer
davantage de la dynamique naturelle des peuplements en aménagement
forestier. Il faut donc allonger les rotations et laisser un patrimoine
biologique beaucoup plus important lors de la coupe", a expliqué
Christian Messier, professeur du département des sciences biologiques
de l'Université du Québec à Montréal.
Le chercheur suggère aussi d'adopter trois niveaux d'exploitation
: réserver 70% du territoire à l'aménagement écosystémique,
15% pour un aménagement intensif avec des espèces à
croissance rapide et le recours à la fertilisation et l'amélioration
génétique, et enfin une dernière portion de 15% réservée
à la conservation.
Caroline Julien
(5 février 1999)
Iceberg, droit devant!
De plus en plus d'amateurs de croisières troquent la chaleur des
Caraïbes ou d'Hawaï pour l'air glacial du Nord de la Norvège
ou du Groenland. Le maire de la ville norvégienne de Bergen a mis
en lumière pour les participants du Sommet mondial de la nordicité
l'importance de cette nouvelle industrie touristique. Ce port entouré
de fjords sert en effet de lieu de départ pour les croisières
de glace qui, durant plusieurs jours, permettent aux amateurs d'admirer
les sculptures naturelles que forment les icebergs.
Le film Titanic a d'ailleurs provoqué un regain d'intérêt
pour ces monuments de glace, et les milliers de voyageurs embarqués
sur de confortables bateaux de croisière consentent même à
se promener en zodiac pour se rapprocher un peu plus près des icebergs.
Le tourisme dans ces mers froides devient synonyme d'aventure hivernale,
une tendance qui devrait encore s'intensifier avec les célébrations
du millénaire de la découverte de l'Amérique. Les Norvégiens
vont en effet proposer aux amateurs d'effectuer le trajet accompli par les
Vikings. Partis de l'Islande, ces derniers avaient abordé au Groenland
avant de rallier l'Amérique du Nord.
Conscients de l'énorme potentiel de ce genre de tourisme, ses
promoteurs tiennent malgré tout à protéger le caractère
sauvage de ces régions. Déjà, certaines compagnies
de croisières ont signé la charte du tourisme arctique et
s'engagent notamment à veiller à la conservation de la faune
et de la flore. Des accords particuliers ont également été
conclu avec le Groenland pour que les populations locales puissent bénéficier
de la manne touristique.
Pascale Guéricolas
(5 février 1999)
Vous aimez ces capsules? L'Agence Science-Presse en produit des semblables
-et des meilleures!- chaque semaine dans Hebdo-science
et technologie. Vous voulez vous abonner à Hebdo-Science? Contactez-nous!
|