Semaine du 8 février 1999

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Savez-vous planter des choux... stériles?

 

On ne parle plus que d'elle, ces dernières semaines: la firme de biotechnologie Monsanto poursuit en justice des fermiers américains et canadiens, parce qu'ils ont commis l'épouvantable affront d'utiliser... leurs semences de l'année précédente.

 

Il faut dire que la plupart de ces fermiers avaient depuis trois ans un accord avec Monsanto, un accord par lequel ils étaient tenus de lui acheter chaque année leurs graines fraîches. C'est cet accord que la compagnie accuse les fermiers d'avoir violé, en utilisant, comme les fermiers le font depuis des milliers d'années, les graines recueillies lors de la récolte de l'année précédente.

Et arrivé à ce stade du texte, vous devez vous en douter, ce n'est pas de n'importe quelles graines dont on parle. Mais de graines génétiquement améliorées. Des super-graines fabriquées par Monsanto elle-même, qui a bien l'intention de développer là un (très) lucratif marché.

N'empêche que la démarche de Monsanto laisse perplexe, raconte le Washington Post à la Une de son édition du 3 février: (en ligne gratuitement jusqu'au 17 février) elle ne se contente pas de poursuivre, elle envoie des détectives privés chez les agriculteurs récalcitrants... et elle met une ligne téléphonique à la disposition de ceux qui se sentent une âme de délateur!

Le Post cite notamment Percy Schmeiser, 68 ans, agriculteur de Bruno, Saskatchewan, qui a toujours cultivé du maïs sur cette terre. Et qui est poursuivi par Monsanto pour "piratage de graines". Cette histoire, souligne le quotidien, pourrait déterminer la façon dont, dans les décennies à venir, les puissantes compagnies de biotechnologie contrôleront rien de moins que la chaîne alimentaire mondiale!

Car s'il s'avère que Schmeiser n'a pas le droit de réutiliser ses graines de l'année précédente, comme tous les agriculteurs l'ont fait depuis les origines de l'agriculture, c'est en effet un virage majeur. S'il s'avère que Monsanto est bel et bien propriétaire des graines de M. Schmeiser, parce qu'il les lui a vendues et qu'il détient le monopole sur l'approvisionnement en graines "améliorées", la porte est ouverte à une relecture de fond en comble de la balance des pouvoirs en agriculture et en alimentation. Les "graines de discorde" sont plantées...


La défense des uns et des autres

A sa décharge, Schmeiser affirme n'avoir jamais acheté de graines de Monsanto. Mais un jour, un enquêteur de la compagnie américaine l'a appelé, et lui a fait savoir qu'il était accusé d'en utiliser illégalement. Il lui a demandé la permission de tester ses plants, ce que l'agriculteur a refusé. Le détective a donc testé des plants poussant sur le bord de la route, juste au-delà du champ. Et selon la version de la compagnie, les résultats se sont révélés positifs: ces plants porteraient effectivement la "signature génétique" des super-graines de Monsanto. Un juge a alors autorisé le prélèvement d'échantillons sur la propriété de M. Schmeiser.

Monsanto a elle aussi des circonstances atténuantes: elle évalue qu'il faut 10 ans et environ 300 millions$ pour développer un tel produit -et le produit est réellement d'une efficacité supérieure, plus résistant aux insecticides et pesticides. Pour chaque semence génétiquement modifiée qui réussit, 10 000 échouent. La compagnie a donc choisi de ne pas les vendre, mais de les "louer", si l'on peut parler de location pour des semences: vous achetez les graines pour un an, mais si vous voulez les replanter l'année suivante, vous devez les racheter. Personne n'est en mesure de dire combien il en coûte à Monsanto pour entretenir son réseau de "surveillance" -délateurs inclus.

Il y a pourtant une option, appelée cette semaine par le Time le gène Terminator. Il faudra encore des années avant qu'il ne soit au point, mais son "pouvoir" paraît digne de la science-fiction: à la manière d'un logiciel programmé de façon à interdire toute copie pirate, ce gène rend la graine stérile. Elle produit une plante en bonne santé, mais celle-ci ne crée pas de descendance: autrement dit, elle produit des graines... tout à fait inutiles.

Il y a près d'un an que le brevet pour ce gène qui n'existe pas encore a été déposé et depuis, celui-ci est l'objet de protestations qui -avec l'aide d'Internet- se répandent comme un feu de brousse. La crainte majeure, c'est celle qu'on entend depuis deux ans dès qu'il est question de cultures génétiquement modifiées: la crainte que, portées par le vent, des graines "améliorées" ne se répandent dans les champs voisins -qui, eux, sont "normaux". Or, puisque ce dont on parle ici, c'est d'une graine porteuse du gène de la stérilité, on vous laisse imaginer le scénario apocalyptique que les plus inquiets ont déjà dressé...

"D'un point de vue marketing, cette technologie est brillante", évalue le critique des biotechnologies Jeremy Rifkin. D'un point de vue social, c'est pathologique. C'est la question de savoir qui contrôle les semences de la vie."


 

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