Semaine du 8 juin 98

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La clef de l'Univers


La grande nouvelle de la semaine, c'est la découverte d'une particule invisible, inoffensive, inutile, et qui ne pèse rien.

 

Ou plutôt, presque rien. Car les neutrinos, a-t-on appris cette semaine, ont bel et bien une masse. Cette particule dont l'existence avait fait l'objet d'hypothèses dans les années 30, qui avait été pour la première fois détectée en 1956, qui peut traverser la Terre d'un bord à l'autre -ou un être humain- sans que quiconque ne la remarque, cette particule dont il existe 50 milliards d'exemplaires pour chaque électron (!), a nécessité 120 chercheurs appartenant à 23 institutions au Japon et aux Etats-Unis, et un laboratoire, le Super-Kamiokande, installé dans une mine japonaise à 2000 mètres sous la montagne, juste pour en arriver à cette conclusion banale, ridiculeusement banale: oui, un neutrino pèse quelque chose. Il n'est pas comme un rayon de lumière. Il a une masse: à peu près le poids d'un dix-millionnième d'un électron.

"Ca n'a pas l'air de grand-chose", admet candidement le Washington Post, en consacrant pourtant sa Une à cette annonce. Car ce "pas grand-chose" permet de faire un pas de géant vers la solution d'un des mystères de la Création: peut-être que l'Univers n'est pas éternel. Peut-être que si on additionne les masses de tous ces neutrinos, et ça fait beaucoup, on arrive à un total en vertu duquel l'Univers atteindra un jour une dimension maximale, avant de se contracter sur lui-même, à cause de sa trop grande masse. Et ça sera la faute aux neutrinos.

"En effet, la masse globale des neutrinos pourrait facilement être comparable à celle de toutes les étoiles et galaxies", évalue -au pif- le physicien Joel R. Primack, de l'Université de Californie.

 

C'est quoi, ce truc?


Plus spécifiquement, c'est quoi, un neutrino? Voilà une question pas facile, et les nombreux articles parus depuis l'annonce du 5 juin, faite dans le cadre d'un congrès international sur les neutrinos tenu au Japon, n'apportent pas de réponse satisfaisante. "Les neutrinos sont parmi les particules les plus étranges de l'Univers", commence un reportage de la BBC, ce qui est bien joli, mais ne nous avance pas beaucoup.

On sait que beaucoup de neutrinos proviennent du Soleil. En fait, ils proviennent de là où se produit de la fusion nucléaire: le coeur d'une étoile... ou d'un réacteur nucléaire. Des milliards passent au travers de votre corps alors même que vous lisez cet article. Ils n'interagissent pas, ou si peu, avec la matière. Un neutrino pourrait en théorie parcourir des millions de kilomètres à l'intérieur d'une surface solide avant d'être arrêté. Mais parfois, il s'arrête: c'est pourquoi le laboratoire japonais -tout comme le laboratoire canadien, à Sudbury, dont le lancement a eu lieu il y a quelques semaines- est allé s'enfermer à 2000 mètres de profondeur, avec une piscine contenant 50 000 tonnes d'eau lourde. Parmi les milliards de neutrinos qui sont passés au-travers, il s'en est trouvé quelques-uns -quatre ou cinq par jour- qui sont entrés en collision avec le "filet", produisant un flash de lumière détectable par les 11 000 instruments installés tout autour de la piscine. Et au bout de deux ans de ce travail, on en est arrivé aux résultats annoncés le 5 juin.

Pour qu'elle soit acceptée comme un fait scientifique, il lui faudra toutefois être confirmée par un autre laboratoire, et c'est justement là que pourrait intervenir l'Observatoire des neutrinos de Sudbury, mentionne le réseau CNN.

 

Et comment sait-on que cette particule a une masse? De toute évidence, on ne l'a pas placée sur une balance. Non, on sait qu'elle a une masse parce qu'on sait maintenant qu'elle oscille. Le terme oscillation étant ici un terme de physicien quantique, qui signifie que le neutrino change d'état d'un moment à l'autre, à mesure qu'il voyage à travers l'espace ou la matière. Et ce changement d'état ne peut s'expliquer que s'il a une masse -en fait, sa masse elle-même change à mesure qu'il change d'état.

Si, arrivé à ce stade, vous êtes perdu, ne vous en faites pas: vous venez d'entrer dans le mystérieux monde des particules subatomiques, où les règles de votre univers n'ont plus cours. Mais c'est justement ce monde subatomique qui détient les clefs pour comprendre les origines -et, peut-être, l'avenir- de votre monde.


Le Super-Kamiokande

Observatoire des neutrinos de Sudbury


 

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