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Semaine du lundi 10 mars 1997


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Deux semaines après Dolly

Le clonage déchiré entre l'éthique et l'embargo

 

Deux semaines après Dolly, la question du clonage est toujours à l'avant-scène de l'actualité. Et la question qui a occupé cette semaine scientifiques et politiciens fut prévisible: devrait-on imposer un moratoire sur les recherches sur le clonage? Plusieurs le souhaitent, et c'est jusqu'au président Clinton qui en a annoncé un la semaine dernière. Mais peu croient en son efficacité.

 

Et ce débat a lieu pendant que l'excitation entourant la brebis écossaise n'est toujours pas retombé. Un scientifique belge a dû formellement nier en fin de semaine la nouvelle publiée à la Une du Sunday Times de Londres, selon laquelle il aurait réalisé il y a quatre ans, par accident, le premier clonage humain.

Pour sa part, c'est en invoquant nul autre que Dieu que le président américain Bill Clinton a annoncé la semaine dernière qu'il imposait un moratoire à toutes les recherches sur le clonage. Toutes les subventions fédérales devront être retirées, et les compagnies privées sont "fortement incitées" à ne pas essayer de prendre la place.

La décision du président suivait de 10 jours l'annonce, en Ecosse, du premier clonage d'un animal adulte, la brebis Dolly, et de deux jours une deuxième annonce, en Oregon, selon laquelle un clonage à partir d'embryons -opération moins complexe qu'à partir de cellules d'un animal adulte, comme pour Dolly- aurait été réalisé -et cette fois, à partir de singes. Aux Etats-Unis, la majeure partie de la recherche en la matière est faite par des compagnies privées, et n'est pas subventionnée par l'Etat, ce qui limite considérablement l'impact de l'embargo.

De toutes façons, déjà, les compagnies privées se bousculent au portillon de l'Institut Roslin, en Grande-Bretagne, où est née Dolly. A la suite de la décision du ministère britannique de l'Agriculture de ne pas renouveler sa subvention, qui venait à échéance cette année, des offres du secteur privé ont commencé à entrer, révèlent les dirigeants de l'Institut au Daily Telegraph.


L'embargo: une décision discutable

Aux Etats-Unis, le directeur de l'Institut national de la santé (NIH), Harold E. Varmus, était présent dans le bureau Ovale lors de l'annonce présidentielle. Le lendemain pourtant, témoignant devant le comité du congrès, il déclarait son opposition à cet embargo, tout en admettant qu'il avait lui-même de sérieuses réserves à l'égard d'un éventuel clonage humain. Selon lui, il conviendrait toutefois de ne pas fermer toutes les portes, la société pouvant très bien décider un jour que le clonage serait, après mûre réflexion, acceptable "dans certaines conditions".

C'est également l'opinion d'un expert suisse interrogé par L'Hebdo: "La censure préventive n'est vraiment pas une bonne chose. Non seulement elle n'empêche pas la réalisation d'expériences critiques, mais, pire que tout, elle force ces dernières à se faire dans le secret, sous le manteau, à l'écart de tout contrôle scientifique et démocratique."

Il ne faut pas voir un embargo comme la solution-miracle, renchérit un généticien britannique. Imaginons un cas concret: une femme se meurt d'un cancer du sang. Il lui est impossible d'obtenir un donneur. Des cellules prélevées sur un foetus auraient de bonnes chances d'être rejetées. Le clonage, dans un tel cas, "ouvre de fascinantes possibilités". Peut-être pourrait-on prélever un oeuf de la patiente, le vider de son ADN et le remplacer par des gènes provenant de ses cellules saines. Le résultat croîtrait sous tube pendant quelques heures, juste assez longtemps pour qu'on obtienne une masse critique de cellules parmi lesquelles il s'en trouverait suffisamment de valables pour une injection. Le clonage humain, c'est aussi ça.

Certes, le clonage humain, ce sont aussi ces histoires d'horreur où il est question de création d'Hitler en série, ou d'enfants "créés" comme réservoirs d'organes. De telles craintes sont grossièrement exagérées de l'avis de la plupart des experts, et ont été descendues en flammes par certains il y a deux semaines (rappel de quelques liens donnés la semaine dernière: une réflexion du Washington Post, du Daily Telegraph et du Sunday Times)

Il est temps de reprendre un peu son calme, déclare le Dr Wilmut, le "père" de Dolly, dont le Washington Post trace un portrait après une semaine épuisante de conférences de presse, d'innombrables questions et de critiques en tous genres.

Il faut remettre les pendules à l'heure, ajoute L'Hebdo. Dolly, après tout, "n'est pas née au royaume de la confusion, du chaos et du laxisme." Il existe déjà des législations.

 

Le clonage humain pas si loin qu'on l'imagine

Le clonage humain pourrait devenir une réalité d'ici aussi peu que deux ans, affirme le Dr Ian Wilmut devant le comité sur la science et la technologie de la Chambre des communes.

De fait, au plan scientifique, la technique employée est d'une simplicité à faire peur.

La conclusion est donc simple: Dolly est déjà là. Mais l'éthique, elle, n'est pas prête. Et ce n'est pas une législation qui va y changer quoi que ce soit.

C'est la conclusion à laquelle en arrive le magazine Time dans un dossier spécial auquel il consacre cette semaine sa page couverture.

"Ce que les politiciens ne comprennent pas, c'est que ce que Wilmut a découvert, ce n'est pas tant un truc technique qu'une nouvelle loi de la nature. Nous savons maintenant que des cellules mammaires adultes peuvent éveiller toutes les instructions génétiques qui s'étaient endormies lorsqu'avait commencé la division cellulaire et la spécialisation."

"Vous pouvez interdire la technique; vous ne pouvez pas repousser la biologie."

En d'autres termes: le clonage humain aura lieu. Que vous le vouliez ou non.


Quelques liens déjà fournis au cours des deux dernières semaines

Un portrait de Ian Wilmut, l'homme qui a cloné Dolly (Daily Telegraph, Londres)

Comment y sont-ils parvenus? Une explication du Daily Telegraph (très claire) et de MSNBC (moins complète)

Une discussion du Washington Post avec ses lecteurs: les gens devraient-ils avoir le droit d'être clonés?

Pourquoi Saddam Hussein ne pourrait pas être cloné: parce que c'est l'environnement qui joue un rôle déterminant chez l'humain, et non les gènes.

"Les craintes de produire une super-race de Saddam ou d'Hitler sont donc déplacées. Un clone de Saddam, surtout s'il était élevé dans une bonne famille, pourrait devenir un compagnon charmant. Tout au plus pourrait-il songer à dominer le club de golf local."

 

 

Recherche et rédaction: Pascal Lapointe