Semaine du 18 octobre 1999

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La science rapetissée


L
orsqu'une prestigieuse revue médicale décide de publier une recherche, non pas parce qu'elle est scientifiquement solide, mais parce que le public croit qu'elle est solide, c'est toute la recherche scientifique qui se retrouve sans dessus-dessous.

 

Le milieu scientifique britannique est abasourdi; les écologistes jubilent; le public est encore plus mêlé qu'avant.

Dans sa dernière édition, la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet a choisi de publier l'étude du Dr Arpad Pusztai, selon laquelle des rats nourris aux pommes de terre transgéniques auraient vu leur système immunitaire affaibli. L'étude, rédigée l'an dernier, avait généré une controverse, qui avait valu au Dr Pusztai de perdre son emploi: jamais corroborée, souffrant de failles méthodologiques, cette étude n'en avait pas moins été grandement médiatisée. The Lancet a reconnu en éditorial que rien ne permettait d'affirmer que ces résultats étaient fondés; que l'étude n'avait pas obtenu l'approbation du comité d'experts du Lancet, processus normal de relecture pour toute étude publiée dans une revue dotée d'un tel comité -comme Science, Nature, The New England Journal of Medicine et autres publications qui forment la crème de la crème de la recherche scientifique. Bref, The Lancet a reconnu que cette étude ne satisfaisait aucun des critères habituels -mais qu'il choisissait de la publier, en raison de l'intérêt que lui portait le public, et pour éviter que la communauté médicale ne se fasse accuser de "censurer".

Les observateurs sont indignés: cette étude, résume le chroniqueur scientifique de la BBC, n'est pas publiée "parce que c'est de la bonne science. Elle est là parce qu'elle a fait du bruit. Du bruit suscité par des groupes d'intérêt et les médias."

"Qu'un tel travail puisse être publié de cette façon est déjà suffisamment mauvais. Mais ce qui est pire, c'est que la science a échoué à faire valoir ses arguments au public": les scientifiques eux-mêmes, dont l'image est à son plus bas, le conseiller scientifique du gouvernement britannique, le gouvernement lui-même, tous ont été singulièrement inefficaces -et tous ont désastreusement sous-estimé les réactions du public à ce qui a fini par être connu, non sous le nom "aliments transgéniques", mais sous celui de "aliments Frankenstein".

Etonnant que la même semaine, une autre revue prestigieuse, Nature, publie un autre texte d'opinion, en réponse à celui de la semaine dernière: on se rappellera qu'un groupe de trois scientifiques avait alors publié une critique du système dit "équivalence substantielle", par lequel les ministères de la santé d'Amérique et d'Europe approuvent les aliments transgéniques sur leurs territoires -un système que ces trois chercheurs déclaraient faussé et anti-scientifique. Eh bien cette semaine, trois articles d'opinion sont publiés par Nature, qui qualifient tour à tour les arguments de leurs collègues de "mal informés", de "sociologie de bas étage", en plus d'être appuyés sur des données "démodées".

Le public ressort de cette semaine pas mieux informé qu'avant: ceux qui avaient déjà choisi de voir en le Dr Putzai un martyr sacrifié par la vilain establishment continuent de crier au complot, et ceux qui mènent des études où aucun impact négatif des aliments transgéniques n'a pu être mesuré, se retrouvent de plus en plus noyés sous les hauts cris des écologistes.

Mais le grand perdant est sans doute la recherche scientifique elle-même: avoir publié une étude uniquement pour céder à la pression, cela va à l'encontre des principes de base de la recherche scientifique: qu'une revue publie des données rejetées par son propre comité de lecture, ça ne s'était jamais vu, résume au Washington Post Charles Arntzen, de l'Institut de recherche sur les végétaux à l'Université Cornell. "S'il s'était agi de quoi que ce soit d'autre, comme une façon de guérir le coeur ou le cancer, (The Lancet) n'aurait jamais publié un travail aussi bâclé."

 

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