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Donc, les climatologues (pour ne citer qu’eux) semblent en manque de stratégies pour mieux communiquer. Un match d’improvisation fait-il partie des solutions?

L’improvisation peut sembler être un simple divertissement, une activité qui oblige les acteurs à créer un humour plus « physique ». Mais c’est beaucoup plus que ça, déclare l’acteur américain Alan Alda, qui défend son idée d’en faire un outil pour contribuer à la communication scientifique (voir le texte précédent).

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Les humains peuvent se décoder les uns les autres à travers la gestuelle et le ton de voix, mais la capacité à rester sur la même longueur d’ondes nécessite un entraînement, non seulement pour partager mais, plus important encore, pour écouter.

Et s’il est une chose importante pour l’avenir de la vulgarisation, c’est bien de savoir écouter l’autre (écouter, dialoguer, user de psychologie : choisissez votre expression préférée). C’est la seule façon d’arriver à comprendre ce qu’il ne comprend pas, et surtout, pourquoi il ne le comprend pas.

Le programme de communication scientifique de l’Université Stony Brook, près de New York, a commencé à enseigner « l’impro », dans le but non pas d’aider le scientifique à entrer dans une ligue d’impro, mais d’améliorer, par exemple, ses techniques d’entrevue à la télé.

« C’est un acte d’imagination », poursuit Alda dans ce compte-rendu d’un atelier qu’il donnait au World Science Festival de New York. C’est « une façon d’observer le comportement de l’autre et de passer de l’imagination individuelle à un acte d’imagination collective. »

Mais ceux qui sont sceptiques face à cette entreprise peuvent se rassurer, ce n’est évidemment pas la seule expérience menée depuis les années 2000 dans le but de vulgariser différemment. Le multimédia a offert, et continue d'offrir, plus que sa part. C'est juste que le mur que frappent les climatologues a conduit certains observateurs à ruer dans les brancards. Par exemple, Randy Olson, ce scientifique devenu cinéaste et virulent critique des lacunes en communication de ses collègues :

Ces interminables ateliers « Communiquer les sciences du climat au public » et conférences et symposiums et bla-bla-bla... C’est un tragique gaspillage de ressources. Ça ne fonctionne pas. Recommencez. Faites quelque chose de neuf. Prenez des risques, grands dieux! Cessez de toujours faire la même chose encore et encore. Surprenez-nous. Pénétrez par effraction dans les ordinateurs des climato-sceptiques et volez LEURS courriels. Quelque chose. N’importe quoi. Soyez intéressants. Sortez du cercle vicieux du nerd.

Deux cas récents:

  • En Australie, certains sont sortis de leur zone de confort en enregistrant ce clip où ils s’affichent (en rap) les seuls et vrais climatologues.
  • Ratissant plus large, le géographe Edward Carr a publié le 2 juin un essai sur l’importance de secouer les puces au modèle universitaire, à l’intérieur duquel les efforts de vulgarisation des chercheurs sont peu, voire pas du tout valorisés. Autrement dit, pour secouer les puces aux climatologues, la balle est aussi dans le camp des administrations universitaires, pas toujours réputées pour leur avant-gardisme.

En comparaison, quelle fut la stratégie de communication proposée à ses 831 collaborateurs scientifiques par le GIEC (Groupe des Nations Unies sur les changements climatiques) en juillet 2010, en réaction au pseudo-scandale du climategate? Pour éviter d’être mal compris, tenez-vous loin des médias .

Ça fait tellement 20e siècle...

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A lire: Quelques réactions de scientifiques mécontents du « plan média » du GIEC, en juillet 2010.

Academic Adaptation, la réflexion d'Edward Carr, de l'Université de Caroline du Sud, destinée à ses collègues (2 juin 2011)

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