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La fermeture du blogue environnemental du New York Times, le Green blog, le 1er mars, a eu quelques échos au-delà de ses abonnés: difficile en effet d’être préoccupé d’environnement tout en restant indifférent lorsqu’un journal de cette stature pose ce geste. Toutefois, ça a suscité en moi une question: ceux qui regrettent aujourd’hui la disparition de ce blogue le soutenaient-ils hier?

Un blogue ne vit pas dans un vacuum. Le blogue Green n’était ni le plus ancien blogue environnemental ni celui dont les médias spécialisés parlaient le plus souvent: le très militant Climate Progress a plus souvent cet honneur, et depuis 2009, le Christian Science Monitor et d’autres quotidiens ont eux aussi mis la hache dans leur couverture environnementale. Mais quand votre journal s’appelle le New York Times, ça veut dire que vous rejoignez un auditoire beaucoup plus large et surtout, plus diversifié.

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Or, parmi ces lecteurs, certains ont plus d’influence que d’autres. Le Green blog cohabitait sur un territoire où certains des scientifiques et des environnementalistes les plus volubiles sont enclins à balayer du revers de la main les médias comme s’il s’agissait d’un groupe monolithique. C’est inévitable: si on fait partie de ceux qui jugent le travail d’un journaliste avec les critères propres au chercheur universitaire ou au militant, le travail du journaliste ne sera jamais jugé satisfaisant.

Mardi dernier, un journaliste du magazine Slate se désolait de ce que le Times ait coupé le blogue Green... tout en conservant un blogue sur le golf. Et un sur le tennis. Et cinq en économie. Et six sous «voyage, loisirs et mode de vie». Mais ce que le journaliste ne disait pas, c’est que ces scientifiques et environnementalistes qui ne songeraient jamais à soutenir un blogue environnemental tant qu’il vit, sont en partie responsables de cette dichotomie.

Les blogues sur le golf et le tennis, eux, ont des appuis populaires. Sans compter des annonceurs. À quand remonte la dernière fois que vous avez vu une université ou un centre de recherche, au Québec ou en France, acheter une publicité dans la page Science d’un quotidien?

Dans une logique bêtement comptable, il ne faut pas s’étonner que les blogues environnementaux et les rubriques Science disparaissent. Ceux qui prennent ces décisions calculent qu’ils n’y perdront pas d’annonceurs, et il s’avère qu’ils ont raison (le Times avait aussi fermé sa «section» environnementale en janvier).

Ils calculent aussi qu’ils ne perdront pas beaucoup de lecteurs et peut-être, malheureusement, ont-ils également raison. On ne peut pas déplorer le déclin du journalisme scientifique tout en se contentant de l’observer de très loin.

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