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Si le Canada a son Réseau des biomarqueurs du cancer de la prostate, la France n’est pas en reste. À Lyon, l’équipe du Laboratoire Commun de Recherche HCL-bioMérieux Cancer Lyon-Sud travaille à identifier des biomarqueurs utiles pour le diagnostic et le pronostic. Tour d’horizon.

François Mallet, co-directeur du Laboratoire Commun de Recherche (LCR) et représentant de bioMérieux, me le confie: «ce type de collaboration entre la recherche clinique et l’industrie, c’est bien et c’est l’avenir. On parle ici de décloisonner le travail des scientifiques et des médecins pour maximiser les chances d’avoir un résultat d’intérêt transférable aux patients.»

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À discuter avec l’homme, on sent que cette volonté de synergie, de mélange des cultures est très importante à Lyon. Une volonté qui, associée au potentiel de recherche du LCR, pourrait bien faire la différence.

Dans l’équipe de cette unité mixte inaugurée en octobre 2011, 13 permanents: les co-directeurs François Mallet et Claire Rodriguez-Lafrasse, responsable du service de biochimie au Centre hospitalier Lyon Sud (Oncologie moléculaire et transfert), des urologues, un anatomiste pathologiste et des chercheurs dont le docteur Virginie Vlaeminck, maître de conférence universitaire–praticien hospitalier affecté à Lyon Sud.

Le travail du Dr Vlaeminck? Exigeant. Dans le cadre de la validation des marqueurs du cancer de la prostate, elle s’occupe de la partie «transfert de connaissances», joue l’interface entre les urologues et les chercheurs du LCR (choix de patients, préparation des échantillons entre autres) et met sur pied la collection d’échantillons issus à ce jour de 1500 patients comprenant une banque de fluides (sang, urine avant et pendant suivi) parallèlement à une banque de tissus conservée et gérée par les anatomistes- pathologistes. Rien de moins.

Canada-France: même combat L’idée derrière les recherches du LCR est simple: «utiliser plusieurs marqueurs et le dossier clinique du patient pour déterminer son pourcentage de risque d’avoir un cancer. Et de le corréler avec l’histopronostic, de détermnier s’il s’agit d’un cancer agressif ou non», dit le Dr Vlaeminck. Idéalement, il faudrait trouver des biomarqueurs détectables dans les fluides sanguin ou urinaire, ajoute-t-elle.

Comme le rappelle François Mallet, «on tombe aujourd’hui encore dans une zone diagnostique grise dès que le taux d’APS se situe en 4 et 10 ng/ml. Il nous faut donc des biomarqueurs diagnostiques pour dire s’il y a cancer ou pas, éviter des traitements inutiles et leurs effets secondaires ou encore prévenir les infections et l’inconfort liés aux biopsies.»

Selon lui, un « cocktail de biomarqueurs va vraisemblablement remplir cette fonction.» Pour les cliniciens, cela sonne comme une petite révolution. De quoi les aider à la décision du traitement: je traite ou pas. Et, pourquoi pas, guider leur choix thérapeutique comme cela existe déjà dans les cas du cancer du sein et du cancer du cou/tête.

Mais quand on parle de pronostic, il faut distinguer deux types de marqueurs : « ceux qui donneront une image précise de l’agressivité du cancer détecté et ceux qui donneront, lors du suivi d’un patient, des indications sur son potentiel à devenir agressif au cours de l’évolution du cancer. L’utilisation d’un ou plusieurs marqueurs remplissant ces deux fonctions sera indispensable pour la prise en charge », explique le Dr Virginie Vlaeminck.

Le Pr Alain Ruffion, chef de service Urologie du Centre Hospitalier Lyon-Sud et membre actif du LCR (fait partie du comité scientifique), espère beaucoup de ces marqueurs pronostiques du cancer de la prostate. « Trouver des marqueurs pour les versions agressives du cancer suffirait déjà à déterminer avec suffisamment de confiance qui traiter ou non », précise-t-il.

Si, comme au Canada, la phase de découverte ou de choix des biomarqueurs est désormais terminée, les chercheurs s’engagent aujourd’hui dans l’étape de validation sur la cohorte de tissus et fluides de l’échantillothèque.

Une phase cruciale de tri des meilleurs biomarqueurs avant d’espérer voir l’avènement d’un quelconque outil diagnostique élaboré par bioMérieux et envisager détrôner l’APS, un marqueur imparfait, mais le plus efficace à ce jour.

La réalisation de cet article a été rendue possible grâce à une bourse de journalisme des Instituts de recherche en santé du Canada.

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