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Le film Microbirth a remis dans l'actualité le sujet de l'augmentation du nombre de césariennes. Si le phénomène est déjà inquiétant au Québec où le taux de césarienne atteint 23,6 %, il est extrêmement préoccupant en Chine si on se fie à un commentaire publié dans le British Journal of Obsterics and Gynaecology (BJOG). Selon les experts, le taux chinois de césarienne se situerait entre 36 et 58 %.

Il faut cependant avouer que le système de santé chinois ne permet pas de déterminer avec exactitude le nombre de bébés nés par césarienne. En 2008, l'Organisation mondiale de la santé parlait de 39,3% alors que d'autres sources proposent plutôt 25,9%, un taux comparable au Canada. La situation semble d'ailleurs varier énormément selon les régions de la Chine, surtout lorsqu'on compare la ville à la campagne.

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N'empêche, selon les auteurs du BJOG, il est urgent d'agir. Ils montrent d'ailleurs du doigt trois facteurs qui seraient principalement responsables de cette augmentation. La structure du système obstétricale Selon une étude réalisée par l'OMS, ce facteur serait le plus important, une perception partagée par les auteurs du BJOG. Le nombre élevé de naissances en Chine ne serait malheureusement pas accompagné de ressources adéquates. Par exemple, la régulation chinoise n'encourage pas l'embauche d'infirmières. Les femmes qui accouchent sont donc laissées à elles-mêmes. Dans certains hôpitaux, on n'offre pas de méthodes pour soulager la douleur et très peu de soutien. Si on ajoute à cela, la marginalisation de la pratique sage-femme, la formation très variable des obstétriciens et leur peur des poursuites judiciaires, on comprend que la césarienne soit perçue comme plus efficace et plus attrayante.

Les incitatifs financiers offerts aux fournisseurs de soins de santé Selon l'OMS, la césarienne serait maintenant une source importante de revenus pour les hôpitaux chinois. À Beijing, un accouchement vaginal rapporte 1000 $ US et une césarienne 2000 $ US. Les médecins reçoivent également de plus gros bonus lors d'une césarienne. Enfin, le système d'assurance médicale aurait aussi un rôle à jouer dans cette situation. La préférence culturelle des patientes Lorsqu'on analyse les dossiers des femmes ayant accouché par césarienne, la raison invoquée pour justifier la césarienne est souvent « à la demande de la mère » ou « facteurs sociaux », souligne l'OMS. Selon les scientifiques, la politique de l'enfant unique en vigueur pendant de nombreuses années a aussi modifié la perception de la naissance. Quand une mère n'a qu'un seul bébé, elle a tendance à souhaiter un accouchement bien planifié. La césarienne est vue par plusieurs comme plus sécuritaire et plus efficace. Certaines femmes craignent également la douleur et l'impact sur leur vie sexuelle. Pour d'autres, la césarienne permettrait de retrouver plus rapidement leur corps d'avant la grossesse. Enfin, la chirurgie est une façon pratique de choisir la date de l'accouchement pour s'assurer que l'enfant naîtra à une date chanceuse.

La plupart des experts s'entendent pour dire que plusieurs des facteurs responsables de l'augmentation des césariennes en Chine sont applicables à d'autres régions du monde. Par ailleurs, les experts l'OMS croient que la situation du Brésil démontre bien que lorsqu'on dépasse un certain seuil, la césarienne devient une chirurgie sans risque selon la population. On sait malheureusement que ce n'est pas le cas. Les césariennes sans raison médicale augmentent inutilement le risque de complications et de décès pour la mère. En Chine, comme ailleurs dans le monde, il est donc important de trouver des façons de ramener le taux de césarienne à un taux optimal : celui qui permet de sauver des vies sans mettre en danger des femmes en santé.

- Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.

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