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Partagée 147 400 fois sur Facebook et reprise par des dizaines de médias dont la BBC, l’histoire de William Gadoury racontée par Michel Hanois dans le Journal de Montréal le 7 mai dernier, a enflammé les réseaux de culture scientifique. L’élève de Saint-Jean-de-Matha, âgé de 15 ans, a étudié les images du territoire brésilien dans le cadre de sa recherche pour l’Expo-sciences 2016 et identifié ce qui ressemblait à une ville enfouie datant de la civilisation maya. Dès le lendemain de la publication dans le quotidien, des chercheurs ont mis en doute, puis en pièces, les allégations de l’élève. La journaliste du Monde, Violaine Morin, rapporte que le site identifié serait plutôt un champ de maïs ou un lac asséché. L’hypothèse d’une cité inconnue est « aberrante ».

Il serait dommage que la réputation de l’adolescent prenne ombrage de cette controverse. Un écolier de la région de Lanaudière qui se documente sur la civilisation maya et propose une lecture archéologique de la réalité est certainement digne de recevoir les félicitations de ses enseignants et, pourquoi pas, une honorable visibilité médiatique. À condition de présenter ses observations comme des hypothèses. Trop rarement, les merveilleuses idées des participants aux Expo-sciences demeurent confidentielles, car les médias préfèrent de loin les blessures de haut du corps ou les exploits de la ligue du pamplemousse.

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L’Agence Science-Presse propose ces temps-ci de réhabiliter le journalisme scientifique dans nos médias et souhaite mettre sur pied un site d’information triant le bon grain de l’ivraie en ce qui concerne les nouvelles scientifiques. Le cas de la prétendue cité maya présente un bon exemple des écueils à éviter. Le journaliste aurait dû multiplier les conditionnels dans son article et éviter les formulations de type : « les experts et scientifiques sont unanimes » ; la découverte « est exceptionnelle ». L’enthousiasme du reporter peut se comprendre, mais les chefs de pupitre et le rédacteur en chef sont aussi en cause; les propos auraient dû être atténués avant d’aller sous presse. Rien de cela ; au contraire, deux jours plus tard on revient sur « cette incroyable histoire » en mentionnant que le jeune homme a reçu des demandes d’entrevues de partout dans le monde.

Cela me rappelle l’annonce, le 26 décembre 2002, de la naissance du premier bébé humain cloné par une filiale pseudoscientifique (Clonaid) de la secte de Raël. Une nouvelle totalement fausse qui s’est rapidement répandue, relayée notamment par l’Agence France-Presse. Comment lancer une telle information sans une vérification sérieuse? En choisissant le temps des Fêtes, où elle a le plus de chance d’éviter l’œil avisé des journalistes aguerris. Plus cocasse, l’histoire des « termites à béton » qui menaçaient le stade olympique de Montréal, publiée un 1er avril par Québec Science. Le temps qu’on confesse le canular, la nouvelle avait été reprise dans plusieurs médias. Des termites qui se nourrissent de ciment !

On peut en rire, mais ces exemples montrent que la culture scientifique ne brille pas toujours dans les salles de presse. Pour y remédier, engagez un journaliste scientifique.

Ou mangez trois ananas par jour.

Mathieu-Robert Sauvé

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