Semaine du 5 février 2001

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Retour au sommaire des capsules Avons-nous trouvé l'âme? (ASP) - Il y a toujours un côté étrange à voir un grand savant, sérieux, rigoureux, rationnel, se lancer dans une réflexion métaphysique. Notre philosophe de la semaine se nomme Alex Mauron. Docteur en biologie moléculaire et professeur associé de bioéthique à l'Université de Genève, en Suisse, il pose une question qu'on n'a pas souvent l'habitude de lire dans les pages de la revue Science: le génome est-il la version scientifique de... l'âme? Il y a quelques siècle, on se serait fait excommunier pour moins que ça... Livre de la vie, code de l'humanité : pour désigner le génome humain, les expressions grandiloquentes n'ont pas manqué depuis l'an dernier, rappelle Alex Mauron. Des expressions qui, déjà, portent en elles une valeur, comment dire, transcendante. On se croirait lancé dans une quête du Saint Graal... "Le génome est vu comme le coeur de notre nature, déterminant autant notre individualité que l'identité de notre espèce. Suivant cette vision, le génome est vu comme la véritable essence de la nature humaine." Tout cela ne serait rien de plus qu'une agréable discussion philosophique, si ce n'était qu'elle a un impact direct sur nos vies: "en plaçant tous nos espoirs (et toutes nos craintes) dans nos gènes, nous alimentons le rêve que le génome humain contienne le dernier mot sur la nature humaine". En d'autres termes: nous voulons croire qu'une fois le génome humain décodé, nous aurons, enfin, toutes les réponses. Un peu comme les croyants qui espéraient percer le secret de l'âme -après quoi, se disaient-ils, ils auraient percé l'ultime mystère de la Création. Mais cet espoir est une illusion. Et une illusion dangereuse. Parce qu'à trop se concentrer sur le décodage et la compréhension des gènes, nous en oublions de nous interroger sur l'influence du "reste" (la société, la famille, l'école, etc.). "Plus que jamais, conclut Mauron, nous avons besoin d'un tableau détaillé de la condition humaine... Sur la question de la nature humaine, nous avons besoin d'un nouveau départ philosophique, qui ne peut pas nous être fourni par la seule génomique." Un rappel à l'ordre utile, à l'heure des Dolly, OGM, Clonaid et autres percées du génie humain... Capsule suivante Retour au sommaire des capsules Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse en produit des semblables -et des meilleures!- chaque semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science et technologie (vous désirez vous abonner?). Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous! Capsules des semaines précédentes