Un hallucinogène attire les scientifiques
(ASP) - LIBREVILLE - Le Laboratoire universitaire
de la tradition orale (LUTO) du Gabon, s'est récemment
penché sur les vertus de l'Iboga, également
appelée "bois sacré", une plante hallucinogène
qui suscite un intérêt croissant dans les
milieux scientifiques américains et japonais.
L'Iboga, qui pousse en Afrique centrale et principalement
au Gabon, vient d'être inscrite au patrimoine
national. Le ministère de la Santé du
Gabon a été chargé ''de tout mettre
en uvre pour protéger ce produit au plan
international, et mettre fin à son exportation
illicite''.
C'est que l'Iboga, petit arbuste à
latex abondant et à odeur vireuse, qui peut atteindre
1,50 mètre de haut, s'est révélé
efficace pour lutter contre la dépendance aux
drogues. Mais l'absorption abusive de ses racines peut
plonger le sujet dans un état d'excitation violente...
Les porcs-épics et les gorilles lont bien
compris, eux qui recherchent souvent cette racine dans
la brousse
La plante est liée à l'art
sacré gabonais. ''L'absorption de l'Iboga permet
le "voyage" au pays des ancêtres
La plante
est employée uniquement par les guérisseurs
dans un but diagnostic ou dans un but thérapeutique.
Les adeptes du "bwiti" en consomment avant chaque séance,
ce qui leur donne une certaine souplesse, de l'agilité
et de l'endurance'', explique le Dr Alphonse Louma,
président d'une association active de lutte contre
la toxicomanie au Gabon. L'Iboga est couramment utilisée
par les chasseurs comme stimulant neuro-musculaire
et, une chose en entraînant une autre, ils sont
convaincus qu'elle sert
d'aphrodisiaque.
Lintérêt que lui porte
aujourdhui la communauté internationale
''est dû à ses propriétés
pharmacologiques, en particulier à deux alcaloïdes
extraits de sa racine: l'ibogaïne et la tabernanthine,
qui agissent sur le système nerveux'', explique
le Pr Noël Gassita, pharmacien-biologiste. A faible
dose, ''l'Iboga exerce une activité psychostimulante
qui se traduit par une légère ébriété.
Avalée à forte dose, la racine de l'Iboga
produit une excitation cérébrale plus
grande, suivie d'hallucinations, de tremblements convulsifs...
A très forte dose, la mort survient par arrêt
respiratoire."
A terme, certains croient que ce "bois
sacré" pourrait remplacer la méthadone,
actuellement utilisée pour soulager les toxicomanes.
"L'Iboga a fait l'objet en 1999, aux Etats-Unis, d'un
colloque scientifique auquel ont participé des
scientifiques gabonais et ceux d'autres pays", explique
le Dr Serge Aimé Issembé. A la suite d'un
séminaire organisé par le LUTO à
Libreville, il a été démontré
que la consommation de l'Iboga n'entraîne pas
de phénomène de dépendance.
L'Iboga, qui se présente sous forme
de deux variétés pousse, en plus du Gabon,
au sud du Cameroun, au Congo, en Guinée Equatoriale
et en Centrafrique.
Antoine
Lawson