Anti-OGM: retour à la case départ?
(ASP) - Voilà qui va faire mal
aux écologistes. Une méga-étude
vient démolir lune des assises scientifiques
des opposants aux organismes modifiés génétiquement :
ces fameux papillons monarques dont, depuis deux ans,
on prétendait quils avaient été
rendus malades par du maïs transgénique.
Et pour enfoncer encore plus le clou,
les études au nombre de six- laissent entendre
que les recherches qui étaient arrivées
à cette conclusion, il y a deux ans, auraient
pu être faussées par un mauvais choix de
données.
Tout avait donc commencé en mai
1999 (voir notre manchette
d'alors). Après quelques années dun
débat plutôt discret sur les manipulations
génétiques, les écologistes avaient
obtenu leur première victoire lorsquune
étude américaine, menée dans les
laboratoires de lUniversité Cornell, avait
remarqué que les papillons dont les chenilles
avaient été nourries avec du pollen de
maïs transgénique, mouraient peu après,
ou étaient beaucoup plus mal en point que leurs
congénères soumis à une diète
"normale". Dès lors, le débat
allait faire rage, sur les effets, réels ou supposés,
des OGM, et sur le risque quil y avait, pour la
santé des humains et des animaux, à les
commercialiser.
Le problème, affirme aujourdhui
May R. Berenbaum, professeure dentomologie à
lUniversité de lIllinois et auteure
dune des nouvelles études, menées
autant en laboratoire que sur le terrain, cest
que ce pollen dont on avait nourri les papillons avait
été mêlé avec dautres
parties de la plante modifiée génétiquement ;
et ce seraient ces autres parties qui auraient tué
les papillons.
Déjà, les auteurs du travail
dil y a deux ans sont sortis du placard pour défendre
leurs conclusions. Pour John Obrycki, entomologue à
lUniversité dEtat de lIowa,
ces autres parties de la plante pourraient fort bien,
à linsu des chercheurs, faire partie de
la diète normale des papillons, dans la nature,
de sorte que les effets sur la santé constatés
il y a deux ans resteraient valables. "Cela (les
autres parties de la plante) fait partie de ce qui est
naturellement déposé dans un champ."
Même May Berenbaum admet que les
nouvelles recherches ne mettent pas fin au débat.
Financées par le ministère américain
de lAgriculture et des compagnies du secteur des
biotechnologies, elles ont été révisées
par un comité dexperts indépendants,
en vue de leur parution samedi dans la version en ligne
des Proceedings of the National Academy of Sciences
(en
avance dun mois sur la publication " papier ",
une procédure encore assez rare). Elles permettent
au moins, explique-t-elle, daffirmer que ce maïs
transgénique ne pose "pas de danger réel
et immédiat". Une des études calcule
par exemple que parmi la population de papillons de
lIowa, seulement 0,4% pourrait sattendre
à croiser, dans toute sa vie, une concentration
de pollen transgénique suffisamment élevée
(1000 grains par centimètre cube, ce qui est
énorme) pour devenir vraiment dangereuse.
Quant à savoir sil y a un
risque à plus long terme, cest une autre
histoire, vers laquelle personne ne s'aventure...