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Notre cousin est un OGM
(ASP) - Or donc, ils l'ont fait. Ils ont pris notre plus proche
cousin, ils ont ajouté un gène à un embryon,
et ils ont regardé ce qui se passait.
Le premier OGM-singe est né, pourrait-on dire : car
ce mignon singe rhésus dont la photo a fait le tour du
monde la semaine dernière, est bel et bien cela: un organisme
génétiquement modifié. Plus précisément,
un primate génétiquement modifié. Un primate
auquel on a ajouté le gène responsable de la fluorescence
de la méduse -oui, la bestiole sous-marine- juste pour
voir s'il était vraiment possible
de modifier ou d'ajouter un gène dans un embryon de primate.
Et parmi les autres primates qui attendent leur tour, il y
a bien sûr les humains...
Personne n'a été surpris de la nouvelle. En
fait, certains étaient même étonnés
d'apprendre que cela ne se soit pas produit plus tôt. On
avait
déjà vu naître des bactéries génétiquement
modifiées (dont celle de la levure, qui, adéquatement
altérée, produit des protéines telle que
l'insuline), des plantes, des souris... Pourquoi pas un singe
? Eh bien voilà. ANDi, comme les chercheurs l'appellent
en croyant faire de l'humour (les lettres ANDI constituent l'anagramme
de ADN inséré) est né le 2 octobre.
Certes, le gène étranger qu'il porte, appelé
GFP, lui est totalement inutile (et inoffensif). Mais le pas
est franchi, et bien franchi : non seulement ANDI vit-il avec
ce gène de méduse, mais en plus, puisqu'il fait
désormais partie de son bagage génétique,
il devrait normalement pouvoir le transmettre à ses enfants.
Ce dernier " détail ", avec
toutes les interrogations morales et éthiques qu'il entraîne,
devra être vérifié dans quatre ou cinq ans,
quand ANDI commencera à regarder les filles...
Rappelons que les chercheurs croient depuis longtemps que
la médecine du futur pourrait, en insérant des
gènes spécifiques (des gènes produisant,
par exemple, une protéine guérisseuse ou "réparatrice"),
altérer le cours d'une maladie telle que le cancer ou
le diabète. Ou même, empêcher son apparition...
si on insère le gène en question avant la naissance.
Le rêve du bébé parfait, en somme...
Certes,
il y a encore du chemin à faire: sur 224 tentatives
de fertilisation d'un ovule à l'intérieur duquel
avait été inséré ce gène supplémentaire,
seulement 40 se sont rendues jusqu'à l'embryon ; 20 de
ces embryons ont été réimplantés
quelques heures plus tard dans le ventre d'une mère-porteuse,
mais seulement cinq ont abouti à une grossesse, et seulement
trois à une naissance. Et de ces trois, seul ANDi semble
être réellement porteur du fameux gène. Il
faudra donc encore des années avant que médecins
et généticiens puissent vraiment prétendre
maîtriser la technique. Mais ils ont démontré
que c'était chose du possible. L'expérience, menée
au Centre régional de l'Oregon sur les primates, est rapportée
dans
la dernière édition de la revue Science.
Les défenseurs des droits des animaux se sont immédiatement
inquiétés : assisterait-on aux débuts du
remplacement des souris par des singes, dans les expériences
de laboratoire ? Mais ils se sont inquiétés pour
rien. Génétiquement modifiés ou pas, les
singes se reproduisent
beaucoup trop lentement pour devenir les futurs rats de laboratoires...
Par contre, pour certaines maladies, comme l'Alzheimer ou le
Parkinson, des maladies en partie génétiques, la
proche parenté entre les singes et nous pourrait effectivement
faire d'eux des cobayes plus utiles que les souris...
Ah, et au cas où vous vous poseriez la question : non,
ce "gène de la fluorescence" ne permet pas à
ANDI de briller dans le noir d'une lueur verte. Ce n'est qu'un
gène dit "marqueur", suffisamment caractéristique
pour permettre d'être repéré par les experts,
lorsqu'ils veulent s'assurer qu'il a bel et bien été
transféré. Il s'est révélé
si utile, ce gène, qu'au cours des dernières années,
on l'a aussi inséré -toujours en laboratoire- dans
des plantes, des grenouilles et des souris. Il produit une molécule
qui, elle, est responsable de la fluorescence. Chez ANDI, cette
molécule n'est pas active -ce qui fait que ce singe ne
pourra pas servir de lampe en cas de panne d'électricité.
Pour ceux qui douteraient encore du caractère irréversible
de cette marche vers le "progrès", rappelons
que cette nouvelle percée survient environ un an après
la naissance du premier clone de
singe -là aussi, un singe rhésus- baptisé
Thétra. Ce clone était le résultat des travaux
d'une équipe dirigée par le chercheur Gerald Schatten,
professeur d'obstétrique et de gynécologie... et
l'un des principaux membres de l'équipe ayant aujourd'hui
donné naissance à ANDI. "Nous espérons,
résume-t-il, lancer le pont par-dessus le gouffre qui
sépare les souris transgéniques des humains."
Quelle sera la prochaine étape?
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