Les secrets de l'Atlantide
(ASP) - Voici des scientifiques qui ont
le sens du titre: la "Cité perdue", tel est le
nom qu'ils ont donné à ce qu'ils ont trouvé
au fond de l'Atlantique. Mais cette cité est
en fait une remarquable "cheminée", une de ces
sources de chaleur qui, au plus profond des océans,
rassemblent autour d'elles un monde à part.
On les appelle des sources hydrothermales.
De hydro, pour eau, et thermales, pour
chaleur. Ainsi, au fond des eaux du Pacifique ou de
l'Atlantique, là où la température
avoisine le zéro, jaillissent soudain des structures
complexes, sources de chaleurs extrêmes -jusqu'à
400 degrés!- chaleur générée
par des volcans sous-marins. Les maniaques de vie extra-terrestre
les connaissent bien, puisque depuis qu'elles ont commencé
à être étudiées, dans les
années 70, ces sources hydrothermales fournissent
un exemple tout trouvé pour décrire comment
la vie peut jaillir dans les endroits les plus inattendus.
En fait, ils constituent peut-être même
des répliques des environnements où la
vie est née sur notre propre planète.
La Cité perdue dont il est question
ici, et qui se mérite rien de moins que la
Une de la revue Nature, est plus grande que
toutes les structures du genre observées jusqu'ici:
ses "tours", blanches, font jusqu'à 60 mètres
de haut.
Elle a été découverte
le 4 décembre, "au centre de l'Atlantique", sur
une chaîne de montagnes sous-marine appelée
le Massif de l'Atlantis -d'où son nom- à
700 mètres sous la surface. Elle semble avoir
ceci de particulier que la chaleur y est générée
par le manteau terrestre, et non pas un volcan. Nul
n'a observé cela jusqu'ici, selon la chercheure
principale, Deborah Kelley, océanographe à
l'Université de Washington à Seattle;
et pourtant, ajoute-t-elle aussitôt, ce phénomène
est sans doute courant sur le plancher océanique:
les scientifiques n'ont simplement pas observé
encore assez de sources hydrothermales. Uniquement dans
un rayon de 90 km autour du Massif de l'Atlantis, existeraient
trois montagnes similaires, susceptibles de contenir
les mêmes fractures conduisant vers le manteau
terrestre -et par conséquent, des lieux favorables
au jaillissement de ces "cheminées".
Au milieu de ces pointes extrêmes
de 400 degrés Celsius passent des "courants marins",
des serpentins de "fluides", pour employer le langage
des océanographes, riches en méthane et
en hydrogène. Les cheminées elles-mêmes
sont par ailleurs riche en carbone -tous des éléments
favorables à l'éclosion d'une vie microscopique
propre à cette Cité perdue. Quelques échantillons
recueillis sur place révèlent à
ce sujet des roches "tellement couvertes de micro-organismes
qu'on ne peut pas voir la roche", s'enthousiasme Deborah
Kelley.